Il aura fallu que tu répondes au monde, sans t’y inscrire tout à fait (adresse à J.Y.Deel)
À partir de 1991, tous tes séminaires ont été conduits sous le titre général Questions de Responsabilité. La responsabilité, pour toi, ce n’était pas une fonction sociale, un devoir de contrôle, de gestion ou de direction, c’était d’abord une réponse. Il s’agissait de répondre à l’autre, aux autres, aux circonstances et situations, sans prétendre ni les dominer, ni les maîtriser. C’est un choix paradoxal, difficile à assumer, car on est tenté de vouloir résoudre les problèmes, et pour cela de les analyser, les considérer frontalement, calculer les conséquences de telle ou telle orientation et proposer ce qu’on appelle usuellement des actions, des politiques. Ces réponses-là, selon toi, nous enferment dans un déjà vu, déjà connu. Répondre à l’autre, c’est d’abord s’effacer pour que la réponse émerge de l’autre. C’est difficile à assumer, car il y a une part de renonciation à l’action rationnelle, logique, mais c’est le seul moyen de ne pas s’enfermer dans une réitération stérile, voire mortelle. Tu réponds au monde, mais d’un point de vue transitoirement extérieur à ce monde tel qu’il est. Tu ne peux pas démontrer que ce que tu vas tenter est la meilleure solution, la plus adaptée, et pourtant tu t’y lances, tu t’y engages, car si tu ne le faisais pas, l’autre resterait sans réponse. Il y a des responsables qui cherchent les certitudes, mais toi, tu cherches à t’accommoder des incertitudes.