Sur le mal radical (adresse à Jack Y. Deel)

Tu nous auras invités à conjurer, en œuvrant, le mal radical (adresse à Jack Y. Deel)

Il se pourrait que tout ce que tu as fait, tout ce que tu as dit, tout ce que tu as écrit, soit une réponse au mal radical. Y répondre, c’est déjà s’insinuer en lui, dans son mécanisme, car l’une des particularités du mal radical, c’est qu’il ne répond pas. Tu ne le changeras pas, il ne répondra toujours pas, mais tu réponds à sa place. C’est ton originalité, ton ambiguïté, qui explique ta passion sinon incompréhensible à l’égard de certains auteurs comme Heidegger ou Carl Schmitt. En se positionnant de biais par rapport à lui, obliquement, on peut détourner sa non-réponse, comme l’a fait Freud en accueillant dans sa théorie la pulsion de mort. Certains peuvent trouver ce positionnement scandaleux. Ils vont exalter la vie, l’éthique ou la transcendance. Mais toi, en restant à tout moment et en tout lieu ouvert et vigilant devant la possibilité du mal radical, tu auras trouvé en lui la force de conjurer sa malédiction.

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