Un monde se clôt; sans extériorité, il est menacé d’épuisement, de chaos
On voit, dans le film À l’intérieur de Vasilis Katsoupis (2023), un homme enfermé dans un appartement luxueux, au dernier étage d’un immeuble. Grâce à des caméras de surveillance, il peut voir certaines personnes à l’extérieur (dans l’escalier, dans l’ascenseur), mais personne ne peut le voir ni l’entendre. Pour se nourrir, boire, il n’a pas accès à autre chose que ce qui se trouve déjà dans l’appartement. Pris dans un univers qui lui est donné ainsi, tel quel, dont il ne peut rien contrôle (pas même la température), il est conduit à détruire les meubles, les souiller, les détourner de leur usage, à transformer cet univers ultra-calculé par des designers en chaos, et en plus à perdre le contrôle de ce qu’il fait, de ce qu’il dit, de lui-même. C’est sa survie même qui est menacée.
Autre conséquence possible de la clôture : un monde appauvri, réduit à des gestes simples, incapable d’innover. C’est ce qui arrive dans L’An 01(film de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch, 1972), où les habitants d’un lieu idyllique, qui rejette toute économie, sombrent dans l’inaction.