Pas au-delà (adresse au lecteur)

Adresse au lecteur : il faut que tu te laisses aller au « pas au-delà » du film

Certains films contiennent, sur un mode difficile à définir, leur propre dépassement. Ils ouvrent sur quelque chose qui restera toujours mystérieux. Je ne parle pas d’une fin « ouverte » qui continuerait l’histoire dans un sens ou un autre, mais sur le même plan, je parle du passage à un autre plan, que je nomme (à la suite de Jack Y. Deel) le « pas au-delà ». Il ne s’agit pas de quelque chose de spirituel, de religieux ou de transcendant (bien que cela puisse arriver), il s’agit d’un mouvement vers une extériorité, une sortie d’un certain cercle dans lequel les personnages du film ne peuvent pas faire autrement que de circuler. La sortie du cercle est, par essence, imprévisible, car si elle était prévisible, ce ne serait pas une sortie, ce ne serait que le prolongement de la circularité, mais l’imprévisibilité ne suffit pas. Il faut en outre que la sortie soit exceptionnelle, singulière, in-généralisable. Elle peut surprendre, provoquer ou indigner, mais elle peut aussi passer inaperçue. On ne l’imagine pas dans la réalité, mais seulement dans d’autres lieux que la littérature ou le cinéma excellent à ne pas définir. On croit pouvoir la préciser, la décrire, mais il n’est jamais exclu qu’elle s’échappe. Elle ne laisse pas le monde intact, elle ne se contente pas d’un supplément, elle innove. Eh bien, lecteur, je te propose de te laisser emporter par cette sortie du film, de te laisser prendre toi aussi au filet du « pas au-delà ».

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