Dire « Je suis mort », c’est se retirer de tout

En disant « Je suis mort », je me retire de tout engagement, de tout échange, de toute dette

Le mort, c’est celui qui aura renoncé à toute propriété, toute possession, tout pouvoir, tout engagement, toute dette, toute responsabilité, et aussi (malgré les inscriptions gravées sur les tombes) toute généalogie, toute appartenance. En rendant hommage aux morts, on voudrait effacer, dénier cette dimension fondamentale de la mort, mais rien n’y fait. Le mort n’a plus de langue, plus d’affect, plus de désir. Il est dénué, dépouillé de tout. De là vient peut-être l’attrait du « Je suis mort », y compris lorsqu’il est incompréhensible, irrationnel, comme dans L’amour à mort d’Alain Resnais (1984), ou quand il prend la forme de l’anticipation du suicide, comme dans Le feu Follet (Louis Malle, 1963).

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