Fantasmatiques

Le cinéma fait proliférer les fantasmes

Il existe un genre qu’on nomme film fantastique, dans lequel des objets, personnes, événements usuellement hors-monde font irruption à l’intérieur du monde. J’emploie ici un terme un peu différent, fantasmatique, qui nomme selon moi des situations où le fantastique résonne avec le fantasme. Il y a deux sortes de fantasmes : ceux qui sont purement individuels, singuliers, dont rien de généralisable ne peut être dit, et ceux qui sont, d’une façon ou d’une autre, collectifs, car ils renvoient à des stéréotypes, des schémas sociaux ou sexuels, ou des situations, des lieux, des comportements caractéristiques de tel ou tel moment. Prenons par exemple les fantasmes sous-jacents à deux films de 2023, Le Règne animal, de Thomas Cailley, et Dream Scenario, de Kristoffer Borgli. Dans les deux cas, une personne quelconque, absolument innocente, subit soudainement l’hostilité ou l’agressivité d’une foule de gens qu’elle ne connaît pas. L’occasion peut être un regard, un rêve, ou autre chose, mais le résultat semble à peu près équivalent : Bien que je n’aie commis aucune faute, je suis devenu un objet de haine pour une foule. C’est la position du bouc émissaire, qui surgit en-dehors de toute institution, loi ou religion, selon la loi du fantasme.

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