La Désenchantée (Benoît Jacquot, 1990)
Un film ambivalent qui embellit l’ambivalence d’une jeune fille envers ce qu’elle a à subir.
Un film ambivalent qui embellit l’ambivalence d’une jeune fille envers ce qu’elle a à subir.
Amalgamer les ingrédients les plus usuels du cinéma pour forclore toute interprétation rationnelle.
Engagé·e dans la barbarie, je dois me venger contre moi-même jusqu’à l’étape ultime où « ma mort » emporte tout, y compris l’art, l’œuvre
Délivrée du phallique, la sexualité féminine peut se saisir de la chair.
Chaque jour ton corps change, tu es la même personne sans l’être et tu peux te réveiller tout·e autre.
Il reste aux femmes qui se retirent de la domination masculine à vivre dans l’incertitude.
Un fil caché aussi ambigu qu’un pharmakon, qu’un hymen.
Pour chaque jeune fille, se pose pour la première fois, à nouveaux frais et singulièrement, l’énigme de la sexualité.
Une bouche-hymen qui mange, lèche, suce, jouit, parle, enseigne et pleure – sans réussir à vivre.
« No more money, no more sex, no more power, no more future » – Il n’en faut pas moins pour interrompre le cycle.
Une tragédie hétéro-thanato-graphique : « Tu es en deuil de toi-même, il faut que je te porte ».
La version hip hop du lien communautaire (Geschlecht), son empoisonnement, sa corruption et sa dislocation.
L’homme d’aujourd’hui, ce fantôme, ne sert d’appui que si sa présence s’évanouit.
Rien ne peut arrêter une femme qui veut démontrer l’impuissance masculine;
Tu répondras à l’autre, dans l’irresponsabilité la plus absolue.
Pour se sauver soi-même, il est préférable de pardonner : punir l’autre, ce serait se punir soi-même et s’interdire la transgression
Tragi-comique, scandaleux, imparable et inéluctable, l’événement sacré qui fait de Dieu une femme.
Dans une vacuité absolue, il cherche en elle un secret inavouable – mais il n’y en a pas.
Il faut préserver le rapport sexuel, car c’est le seul rempart contre un ennui mortel.
Les pleurs du père déchu en deuil de sa culture, sa sophistication, son théâtre, son épouse, son fils et aussi de lui-même, en tant qu’homme, sans rien connaître de ce qu’il adviendra
Une série de pures rencontres, sans autre motif que le plaisir et le sexe, n’a pas d’autre horizon que la mort.
Monstrueuse la tragédie d’un fils naturel dont on attend qu’il assassine une mère déjà morte, un père déjà suicidé, au prix de sa vie.
Où l’inceste, étranger à la chaîne des dettes et des corruptions, peut sembler réparateur.
Sexe et pouvoir, à l’état nu, exhibent sans fard leur complicité.
Pour résister aux pulsions de mort, de cruauté, il faut la pure gratuité de l’ornement féminin.
Il faut des femmes imprévisibles, illogiques, irrécupérables, pour créer entre les mondes d’autres liens.
Où l’on laisse à voir et entendre que tout film est fondé sur le sacrifice de la femme par des morts-vivant.
Le vingtième siècle aura été double – et je peux jouer, dans le plaisir et la douleur, sur cette duplicité.
Pour s’emparer des possessions des hommes, dans son absolue souveraineté, la femme laisse libre cours à ses pulsions, y compris épistémiques
L’amour (quasi-)incestueux est le seul qui, au coeur du continent noir, soit vraiment digne de ce nom.
Une séduction verbale, oblique, indirecte, instaure une liaison foisonnante mais trompeuse, décevante, déprimante.
Se débarrasser de l’obscène, le cacher, éviter de le rendre public, telle est la morale dont il faut prendre le contre-pied.
Un désir unique, singulier, déclenché par la rencontre improbable, indécise, de deux solitudes.
Pour un homme, faire jouir une femme est un plaisir sans limite; on peut tout donner pour cela, y compris son sexe, sa vie
Plus la transgression est excessive, et plus elle reconduit le cycle de la dette.
Où une fiction circulaire scelle l’alliance autobiographique du cinéma avec un « je ».
Incapable de demander pardon, de renoncer à la perversion, elle choisit le vide, la déchéance, l’anéantissement.
Le sexe, un pharmakon qui, prétendant compenser ou remédier à la vacuité, creuse un vide encore plus profond.
Il s’agit, sous l’apparence de la transgression, de sauver la distinction tranchée qui oppose le bien au mal.
Au cœur de la plus phallogo-polémo-centrique des comédies, un homme impuissant ressuscite, en paix avec lui-même, après la Cène
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
Un film de genre(s) où la réduction des désirs à un pur objet filmique présuppose la mort du réalisateur.
Il faut, pour donner au film un poids de pensée, de réel, mettre en scène la non-réponse de l’autre.
En racontant la vie d’un autre, je transgresse l’impossibilité de raconter ma propre mort.
En s’affirmant performative, la déclaration du transgenre, du non-binaire, appelle une confirmation publique, identitaire.
Un monde s’en est allé, il n’en reste rien d’autre que cette femme, la folle, l’exclue, qui ébranle à jamais « notre » monde.
Il n’y a rien à attendre de la différence des sexes.
Il faut, quand le phallocentrisme se désagrège, « rester vertical » sans la prothèse d’une érection, sans le prétexte d’un ordre social.
On ne peut défendre un « chez soi » contre la puissance phallique qu’en participant de cette puissance.