La vengeance d’une femme (Jacques Doillon, 1989)

L’homme d’aujourd’hui, ce fantôme, ne sert d’appui que si sa présence s’évanouit

Deux femmes se disputent le fantôme de l’être aimé. André était un vrai homme, le genre d’homme sur lequel on peut s’appuyer, ce que Céline appelle une épaule. Mais désormais c’est un cadavre.

Céline (l’amante) rentre à Paris dans l’espoir de retrouver André. Mais elle tombe sur la femme d’André, Suzy, qui cherche à se venger. Suzy attribue à Céline la responsabilité de l’accident de voiture dans lequel André est mort, à proximité du domicile de Céline.

Céline est une fille sauvage et séductrice. Elle allume les hommes et joue avec eux, comme une chatte. C’est ce que Suzy lui reproche. Céline allume l’amour mais est incapable de l’assumer. Elle détruit l’autre et finit par s’enfuir. Céline ne nie pas agir ainsi mais, dans le cas d’André, dit-elle, ce n’était pas pareil, c’était sérieux. C’est le seul homme qui a compté dans sa vie.

Suzy (la femme légitime) semble vouloir se venger, mais semble aussi jouir de la situation. Elle invite Stéphane, qu’elle prétend aimer, et le jette dans les bras de Céline. Céline ne résiste pas, et la démonstration est faite : Céline est une salope. Suzy le lui reproche, mais son comportement est masochiste. Elle fait venir deux mecs qui finiront par la violer. 

L’homme d’aujourd’hui est un appui cadavérique… C’est un fantôme. Il n’est là que pour passer, pour disparaitre. Plus il répond au désir que la femme en a, et plus on peut être certain que sa présence va s’évanouir. Cet homme-là, qui sert encore d’appui, est le plus fragile qui soit. Il ne supporte ni l’amour ni la séduction. Il faut le protéger du désir, qui risque de le détruire.

Ces femmes-là sont fragiles, ce sont des femmes-enfants incapables d’être mères. Elles ne savent rien faire d’autre que détruire les hommes qu’elles prétendent aimer. Adolescentes égoïstes, vivant dans l’instant. Suzy est dans la jalousie et Céline dans la séduction mais le résultat est le même : une instabilité létale. La femme assassine.

Finalement, c’est Suzy, la femme légitime, qui trouvera la mort. Qui se venge de qui ?

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Pierre Delain

Initiateur et auteur du blog "Cinéma en déconstruction"

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