News from Home (Chantal Akerman, 1977)
Aux lettres d’amour maternelles, elle répond par la plus impersonnelle des répliques : une longue video postale
Aux lettres d’amour maternelles, elle répond par la plus impersonnelle des répliques : une longue video postale
Il faut, pour porter la tristesse d’une fin d’amour, en garder la trace, l’archive, par une célébration
Les souvenirs peuvent céder place à une autre mémoire, une archi-mémoire, une insaisissable pulsion amoureuse
Une hospitalité tellement fragmentée, menacée, impossible, qu’elle ne peut se réfugier que dans l’œuvre – et alors celle-ci l’affirme sans réserve, inconditionnellement
Entre voyeurisme et restitution, préserver la trace hybride de ce qui s’efface, flotte, se transforme, résiste, survit, renait
Nul n’est épargné par l’impardonnable; il engendre une dette infinie, irréparable, que rien ne peut atténuer
Porter l’autre, en prendre le deuil, dans l’espoir de donner à ce qui aura été vécu une signification supplémentaire<<<;
Au cinéma, la présence des morts est illimitée : on ne peut que les sacrifier, dissimuler leur présence sous d’autres films, toujours plus.
Une hétérobiographie où, autour du secret préservé de l’autre, prolifèrent les autobiographies.
Même en l’absence de deuil, je porte en moi le monde de l’autre : « C’est l’éthique même ».
Les traces des civilisations disparues appellent un deuil inarrêtable, une hantise infinie, qu’aucun savoir ne peut effacer.
Quand l’amour se décide, la trace se retire, elle s’efface – il faut plonger dans l’incertitude.
« Il faut mourir vivant »dit la photo-reporter, en laissant à d’autres les traces de son parcours, et un film.
Se débarrasser de l’obscène, le cacher, éviter de le rendre public, telle est la morale dont il faut prendre le contre-pied.
On ne peut espérer communiquer avec un mort qu’à travers un dispositif de mémoire, un artefact, mais c’est impossible, ça ne marche pas, le récit reste inachevé.
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Une allégorie de la traduction du monde en film ou du film en monde.
Une série de mises en abyme se recouvrent, s’étendent, s’excèdent, s’imposent comme source d’inspiration et d’autorité.
Quand s’effondrent les limites, les parerga, rien ne peut arrêter la violence originelle, inouïe.