
Films (les 50 articles les plus récents)
L’Opéra de Quat’Sous (Bertolt Brecht, 1928 – Georg Wilhelm Pabst, 1931)
Stranger Eyes (Yeo Siew-Hua, 2024)
Un monde dans lequel le regard, « male gaze » ou « female gaze », s’atrophie au profit d’un non-regard, le « cam gaze »
Scénario (Jean-Luc Godard, Jean-Paul Battaggia, Fabrice Aragno, Nicole Brenez, 2024)
Anticipation d’un film dont la toute dernière partie reste à venir
Le Procès (Orson Welles, 1962)
Nous sommes affectés par une culpabilité originelle, irréparable, qui ne peut être ni compensée, ni sanctionnée
Reflet dans un diamant mort (Hélène Cattet et Bruno Forzani, 2025)
Dans un monde sans enjeu ni avenir, il ne reste que des références, des compulsions, des poussées de fantasme, des traces de désir dont le sens se dérobe
Les Espions (Henri-Georges Clouzot, 1957)
De ce monde inexplicable, insensé, où il faut bien vivre, on ne peut témoigner qu’en silence
La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot, 1968)
Testament de Clouzot : Il appartient à tout cinéaste digne de ce nom d’honorer un statut d’exception : le droit de se soumettre à sa guise, sans loi ni limite, les acteurs, personnages et autres items d’un film
L’Enfer (Henri-Georges Clouzot, 1964, Claude Chabrol, 1994, Serge Bromberg, 2009)
Axiome de Clouzot : « Ayant un droit d’emprise sur tous les éléments d’un film (personnes et choses), j’ai aussi le droit souverain, inaliénable, de le·s mettre à mort »
Chime (Kiyoshi Kurosawa, 2024)
Un appel sans source, ni origine, ni signification, ni cause, ni enjeu – ne peut conduire qu’à la destruction : de soi et de l’autre
Quadrilogie de l’éthique à venir : La Double Vie de Véronique, Bleu, Blanc, Rouge (Krzysztof Kieślowski, 1991-94)
Pour ouvrir une autre éthique, il faut pleurer, implorer
Trois Couleurs : Blanc (Krzysztof Kieślowski, 1994)
À l’amour inconditionnel, rien n’est comparable ni équivalent
Trois Couleurs – Bleu (Krzysztof Kieślowski, 1993)
Un deuil de soi ambigu, qui rend la singularité possible
La Double vie de Véronique (Krzysztof Kieślowski, 1991)
L’essentiel n’est pas l’identité, mais les minces différences qui font de mon double un·e autre, un supplément dont je suis inséparable
Trois couleurs – Rouge (Krzysztof Kieślowski, 1994)
Il n’y a pas de fraternité sans bénédiction : porter l’autre vers un avenir inconnu
Les Maudites (Pedro Martín-Calero, 2024) (El Llanto)
alédiction phallogofantasmatique
Kaïro (Kiyoshi Kurosawa, 2001)
Chacun, solitaire face à l’Internet, peut se transformer en fantôme de l’autre côté de l’écran et disparaître de ce monde-ci (sauf exception)
Cloud (Kiyoshi Kurosawa, 2024)
Derrière les fluctuations de la valeur monétaire des objets, se cachent des vies concrètes, des corps affectés, des espoirs brisés
Fairytale (Alexandre Sokourov, 2022)
Des plus brutaux acteurs de l’histoire, on ne retient que l’impardonnable
La Rose Pourpre du Caire (Woody Allen, 1985)
Un brouillage des limites qui transgresse la mise en abyme elle-même
Rumours (Guy Maddin, Evan et Galen Johnson, 2024)
Démocratie aporétique : un peuple absent, des décideurs qui ne décident de rien, l’effacement du politique
No Country for Old Men (Joel & Ethan Coen, 2007)
Au-delà de son intérêt, le tueur souverain érige sa propre loi, une obligation quasi-morale, inconditionnelle, à laquelle il ne peut contrevenir
Les Linceuls (David Cronenberg, 2024) (The Shrouds)
Contourner le deuil en ne retenant de la mort que sa matérialité (pourriture, décomposition)
A Serious Man (Joel et Ethan Coen, 2009)
Un dibbouk qui fait de l’incertitude un principe de vie, une obligation éthique, métaphysique, un pas au-delà du monde
Demon (Marcin Wrona, 2015)
En exigeant une justice impossible à instaurer, le dibbouk interdit l’oubli
Le Dibbouk (Michał Waszyński, 1937)
Celui dont l’avenir aura été déterminé avant la naissance n’aura pas d’avenir, il ne vivra pas
Le Labyrinthe de Pan (Guillermo del Toro, 2006)
Incapable de traverser jusqu’au bout les épreuves, la justice incarnée par l’innocence ne peut que mourir assassinée
Le chant des Oiseaux (Albert Serra, 2008) (El Cant dels ocells)
Sur le chemin d’une foi qui ne repose sur rien d’autre que la foi – un « rien » suffisant pour fonder la croyance, la crédibilité
Honor de Cavalleria (Albert Serra, 2006)
Le monde qui s’en est allé nous laisse sans orientation : tu n’as pas de chemin pour moi, je n’ai pas de chemin pour toi, mais si tu me suis, nous irons au-delà
La langue universelle (Matthew Rankin, 2024)
S’il y avait une langue universelle, elle serait en même temps étrangère et ma langue, générale et locale : ce serait une langue impossible, aporétique
Adolescence (série de Jack Thorne, Stephen Graham et Philip Barantini, 2025)
Inexplicable, instable, inclassable, insaisissable, le jeune meurtrier incarne le déséquilibre d’où pourrait surgir une réponse, une nouvelle donne
Histoire de ma mort (Albert Serra, 2013)
Ayant vécu « ma vie » sous le signe de la gratuité, « ma mort » arrive quand à cette place s’impose l’échange, la circulation du sang
Tardes de Soledad (Albert Serra, 2025)
Faire l’expérience, en quasi-direct, du réel de la mort
Queer (William S. Burroughs, 1952, Luca Guadagnino, 2024)
Il faut, pour cheminer vers le deuil, le soutien d’une addiction, d’une substance pharmacologique
Une femme sous influence (John Cassavetes, 1974)
Trop d’affect, de spontanéité, de tension amoureuse, une femme trop différente, c’est pour la société, la famille, une déconstruction, une agression insupportable
Le gâteau préféré (Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha, 2024)
Un dernier désir au-delà de tout désir : mourir vivant
Possession (Andrzej Żuławski, 1981)
En-deçà de l’amour surgit la violence primordiale, inexplicable, de l’archi-amour
White God (Kornél Mundruczó, 2014)
Il faut appeler, au-delà du souverain, une justice à venir
White Dog (Samuel Fuller, 1982) – Dressé pour tuer
Le conditionnement au racisme est irréversible, c’est un crime que rien ne peut réparer ni compenser
Black Dog (Guan Hu, 2024)
Pour effacer les dettes à l’égard d’autrui, il aura fallu que s’instaure une relation toute autre avec les vivants, les animaux, les personnes
Invasion (Hugo Santiago, 1969)
Une menace extérieure anonyme, impersonnelle, inexpliquée, exige un sacrifice pur, inconditionnel, sans réserve
La Clepsydre (Wojciech Has, 1973)
Comment ne pas trouver son chemin, dans le temps retardé du retour spectral et de la désagrégation du temps
La Grâce (Ilya Povolotsky, 2023)
Un monde en suspens dans un voyage où s’effritent le social, l’autorité, ouvrant la voie à d’autres valeurs, au-delà du deuil
Le Sacrifice (Andreï Tarkovski, 1986)
Evider un monde pour porter, sans que rien ne l’entrave, le commencement d’une parole
La dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988)
Un Jésus vivant, qui ne cède en rien au sacrifice
Pepe (Nelson Carlo de los Santos Arias, 2024)
Une fable aporétique où la mort du souverain ouvre la possibilité d’une hybridité à venir
A queda do céu (La Chute du Ciel) (Gabriela Carneiro da Cunha & Eryk Rocha, 2024)
Témoigner de la présence d’un peuple par un semblant d’archive
The Brutalist (Brady Corbet, 2024)
Il faut, pour aller vers sa propre destination, la violence de l’autre
Maria (Pablo Larrain, 2024)
D’une voix perdue, absente, on ne peut faire émerger qu’une archi-présence pour toujours enclose, inaccessible, encryptée
Nosferatu, symphonie de l’horreur (Friedrich Wilhelm Murnau, 1922)
Pour sauver la ville de la mort, il faut renoncer à l’amour conjugal pour une autre alliance, mystérieuse, un autre réseau d’allégeance
Presence (Steven Soderbergh, 2024)
Le rêve du réalisateur : une caméra qui, se faisant passer pour un spectre, possède la faculté d’intervenir sur ce qu’elle filme
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