Limites et au-delà

Ce ne sont pas les limites, les frontières qui protègent de la violence latente, c’est au contraire l’ouverture, la prise en compte de l’autre

Dans L’ange exterminateur, Luis Buñuel montre ce qui arrive quand un groupe s’enferme, reste confiné en-deçà des frontières qu’il s’est fixé. Le respect d’autrui disparaît, le contrôle se perd, la survie même est menacée. La limite ne protège plus, au contraire, elle affaiblit la loi, déchaîne les pulsions. On croit souvent que pour se débarrasser de la violence, il faut multiplier les murs, les barrières, les obstacles, empêcher les autres d’entrer chez soi, mais c’est le contraire qui est vrai : pour se protéger, il faut s’intéresser à l’autre, le comprendre, s’ouvrir. L’erreur de la bande de bourgeois et d’aristocrates qui se sont auto-enfermés, auto-punis en se confinant dans une pièce unique ne tient pas à leur insuffisance de protections, mais à leur excès.

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