La jeune adolescente, fragile suspens du phallique

Avec la jeune fille, le seXuel sans seXualité (XsX) instaure et suspend la centralité du phallique, du logos

La position de la jeune fille, la jeune personne féminine, pubère, réglée mais encore suffisamment proche de l’enfance pour qu’on ne la considère pas comme une véritable adulte, est ambiguë. D’un côté, elle est déjà un objet sexuel et ne peut pas l’ignorer. Il faut qu’elle se protège, qu’on la protège et que toutes les dispositions soient prises pour cela. Mais d’un autre côté, elle n’est pas encore dans l’échange sexuel. Elle se situe dans un étrange entre-deux qu’elle peut transgresser, mais qui trace un espace singulier en-deçà du système de l’échange sexuel. Il en résulte une tension que la société ne réussit pas toujours à étouffer. Avec le mouvement #Metoo, on s’est souvenu de films de la fin du 20ème siècle (La fille de 15 ans de Jacques Doillon, 1989, La Désenchantée de Benoît Jacquot, 1990, Le Nouveau monde d’Alain Corneau (1995), Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002) où cette tension explose doublement : dans les films et aussi plus tard dans la mémoire des actrices abusées par les réalisateurs. 

En s’appuyant sur ce nouveau regard, on peut relire et revoir des films plus anciens comme Lolita (Stanley Kubrick, 1962), La Chinoise (Jean-Luc Godard, 1967), ou récents comme The Sweet East (Sean Price Williams, 2023).

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