Catégorie : Fantasme
Bird (Andrea Arnold, 2024)
Le jour des premières règles est celui où une bénédiction doit venir, pour protéger, accompagner et aussi prendre son envol
Zelig (Woody Allen, 1983)
L’identité de celui dont l’identité est de ne pas en avoir est aussi une identité, celle qui oblige à vivre dans l’aporie
Profession Reporter (Michelangelo Antonioni, 1975)
Je ne peux prétendre qu’en vérité, « Je suis mort », qu’en prenant l’identité d’un vivant assez crédible pour dire : « il est mort », mais alors ce « il », ce doit être aussi moi
Les Diables (Christophe Ruggia, 2002)
Où la passion du toucher rejoint la passion d’emprise, fantasmatique ou défensive
Joker, folie à deux (Todd Phillips, 2024)
Cinéma de l’extrême dépouillement : deuil de l’illusion, de la duplicité, du populisme, du Joker, du pharmakon et du blockbuster lui-même
Videodrome (David Cronenberg, 1983)
L’écran n’est pas extérieur au corps : il le parasite, le colonise, le soumet, le remplace, y ajoute toujours plus de dépendances et de sensations, et enfin survit à sa mort
Mort à Venise (Luchino Visconti, 1971)
Quand s’arrête le mouvement de la différance, quand s’épuise la supplémentarité, alors l’artiste meurt, fasciné par la beauté – mais un autre artiste (Visconti) peut prendre la suite
Love Lies Bleeding (Rose Glass, 2023)
Où la lesbienne enfle, enfle, et d’érection en érection, se dresse comme un phallus, éjacule fantasmatiquement et s’endort
Cafe Müller (Pina Bausch, 1978-2008)
« Il faut porter l’autre », un commandement amoureux, indispensable, irréalisable, indéfiniment répété, impossible et nécessaire
Catherine de Heilbronn (Eric Rohmer, 1980)
Une emprise sans cause, sans violence, sans initiative du dominant, est-ce possible ?
Kinski Paganini (Klaus Kinski, 1989)
L’acteur-voyou, bête de cinéma, pédophile et incestueux, brave les interdits en portant à l’excès les moyens propres du cinéma
La Bête (Bertrand Bonello, 2024)
En-deçà du désir d’amour usuel, rassurant, un autre amour pourrait faire irruption : archaïque, dangereux, effrayant, catastrophique, et pire encore : aussi vide que la mort
Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1982)
Où la contrainte économique et le pur plaisir (anéconomique) se confondent dans la même démesure, la même circularité fantasmagorique, qui est celle du cinéma
Aguirre, la colère de Dieu (Werner Herzog, 1972)
Le délire de souveraineté détaché du monde, ni crédible ni légitime, ne peut conduire qu’à l’autodestruction
L’année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961)
Un événement évanescent, indéterminé, sans témoin crédible ni trace, on peut l’évoquer, en faire un film, un pur film, en multiplier les interprétations
L’amour à mort (Alain Resnais, 1984)
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
La fille de 15 ans (Jacques Doillon, 1989)
Un réalisateur qui présente une jeune fille comme perverse, calculatrice, manipulatrice, pour mieux la manipuler, l’objectiver, s’en servir.
The Sweet East (Sean Price Williams, 2023)
La position unique d’une jeune fille qui s’évade de tous les conflits, erre entre les pouvoirs sans jamais se laisser instrumentaliser par aucun d’entre eux.
Él (film de Luis Buñuel, 1953) (Tourments)
On ne peut poursuivre la quête aporétique, chercher à posséder ce qu’on sait ne pas pouvoir posséder, qu’avec l’appui crypté de la religion.
Un chien andalou (Luis Buñuel, 1928)
Amalgamer les ingrédients les plus usuels du cinéma pour forclore toute interprétation rationnelle.
Grave (Julia Ducournau, 2016)
Délivrée du phallique, la sexualité féminine peut se saisir de la chair.
La La Land (Damien Chazelle, 2016)
Entre deux gardiens de l’inconditionnel, la rencontre est aussi fatale qu’impossible.
L’ornithologue (João Pedro Rodrigues, 2016)
Il aura fallu, pour entendre le secret dont l’autre témoigne, en passer par un « Je suis mort »
Birth (Jonathan Glazer, 2004)
L’archi-amour, genre d’amour dont il est impossible de faire son deuil, est plus réel, plus crédible encore que la réalité
Birdman, ou La surprenante Vertu de l’Ignorance (Alejandro González Iñárritu, 2014)
En voulant me transformer, je redeviens ce que je suis et son contraire, mon propre pharmakon.
L’amant double (François Ozon, 2017)
Je suis double mais l’autre en moi, mon jumeau, est déjà mort » – un dédoublement qui ne franchit pas la limite du « deux.
Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)
Il est « minuit à Paris » et la différance, insistante, fait craquer les couples.
Corps et âme (Ildiko Enyedi, 2017)
Il faut choisir librement ce qui, déjà, en secret, habite nos rêves.
Oncle Boonmee (Apichatpong Weerasethakul, 2010)
Il s’est souvenu d’autres vies et d’autres mondes qu’il a portés; un autre vivant surviendra, peut-être, pour les porter à nouveau.
Asako I et II (Ryūsuke Hamaguchi, 2018)
Quand l’amour se décide, la trace se retire, elle s’efface – il faut plonger dans l’incertitude.
Inception (Christopher Nolan, 2010)
Il faut, pour surmonter sa culpabilité, faire l’expérience de l’impossible.
Paul Sanchez est revenu! (Patricia Mazuy, 2018)
On ne peut ni s’approprier une signature, ni usurper un nom innocemment.
Boarding Gate (Olivier Assayas, 2006)
Rien ne peut arrêter une femme qui veut démontrer l’impuissance masculine;
Le lion est mort ce soir (Nobuhiro Suwa, 2018)
Au cinéma, il est impossible d’interpréter sa propre mort, mais on peut toujours la jouer.
Lost Highway (David Lynch, 1997)
Une figure de défilement routier fait le lien entre les éléments d’un récit dont la diffraction est irréductible.
Camille (Boris Lojkine, 2019)
« Il faut mourir vivant »dit la photo-reporter, en laissant à d’autres les traces de son parcours, et un film.
Sur la route de Madison (Clint Eastwood, 1995)
S’arrêter sur le pont qui mène au fantasme, au rêve, en passant par la photographie.
Je veux juste en finir (Charlie Kaufman, 2020)
À tout ce qu’on voulait faire de moi, j’ai acquiescé, mais on ne peut pas m’empêcher de dire « je ».
Past Lives (Celine Song, 2023)
Il faut, pour vivre, faire son deuil de l’amour d’avant l’amour, l’archi-amour.
La Chambre verte (François Truffaut, 1978)
Perpétuer le deuil comme tel, en jouir, c’est le nier : en s’appropriant les morts, on exerce sur eux pouvoir et souveraineté.
L’empire des sens (Nagisha Oshima, 1976)
Pour un homme, faire jouir une femme est un plaisir sans limite; on peut tout donner pour cela, y compris son sexe, sa vie
Laura (Otto Preminger, 1944)
Il aura fallu qu’elle soit réduite à la fixité d’un portrait, prise pour morte, pour qu’elle rencontre enfin l’homme pur, intègre : le policier.
Tout le monde aime Jeanne (Céline Devaux, 2022)
Il vaut mieux, pour se dégager du deuil, choisir le pas de côté qui éloigne du réel.
Dream Scenario (Kristoffer Borgli, 2023)
L’innocent qui apparaît dans les fantasmes peut porter tout le poids de la faute, se muer en coupable universel.
Solaris (Andreï Tarkovski, 1972)
Une allégorie de la traduction du monde en film ou du film en monde.
Un Avenir Radieux (Nanni Moretti, 2023)
Perdre un monde suppose de renoncer aussi à une part de soi , un quasi-suicide qui conditionne la possibilité de continuer à vivre.
Les larmes amères de Petra von Kant (Rainer W. Fassbinder, 1972)
Incapable de demander pardon, de renoncer à la perversion, elle choisit le vide, la déchéance, l’anéantissement.
Les Diables (Ken Russel, 1971)
Il s’agit, sous l’apparence de la transgression, de sauver la distinction tranchée qui oppose le bien au mal.
Valérie et la semaine des miracles (Jaromil Jireš, 1970)
Une virginité toute autre, d’avant toute virginité.
L’esprit de la ruche (Victor Erice, 1973)
Il faut, dans ce monde dangereux, apprendre à s’engager, prendre tous les risques.
Pas de Printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964)
Comment s’emparer d’une femme, la posséder par son secret, la garder par sa guérison – et surtout dérober son monde.
Huit et demi (Federico Fellini, 1963)
La paralyse – ce temps de fermentation ou de bouillonnement qui est aussi la khôra du réalisateur.
Leonor will never die (Martika Ramirez Escobar, 2022)
Une grand-mère pour toujours sur le point de mourir, sans jamais franchir le pas.
La femme de Tchaïkovsky (Kirill Serebrennikov, 2022)
Un film sur l’amour : pas l’amour fou, mais l’amour en tant que fantasme, folie.
Un été avec Monika (film d’Ingmar Bergman, 1953)
Un regard dans le film en appelle au-delà du film à un autre regard qui témoigne d’une alliance oto-biographique.
Little Girl Blue (Mona Achache, 2023)
Une auto-hétéro-bio-thanato-graphie féminine où chaque femme semble jouer le rôle d’une autre, jusqu’à l’épuisement.
Le règne animal (Thomas Cailley, 2023)
Il vaut mieux accompagner, porter, l’inarrêtable hybridation du monde.
Decision to Leave (Park Chan-wook, 2022)
Un fantasme de flic où les fautes, les crimes et les trahisons se déplacent, se croisent et se neutralisent, sans jamais s’annuler.