Amour, réparation

L’amour rassure, il comble les vides, répare les blessures, soigne les failles

Le monde est dangereux, brutal, parfois chaotique, et la société n’arrange rien, elle aggrave les difficultés autant qu’elle les résout. Il est tentant de se réfugier dans l’amour. Le lien amoureux est une chose complexe, ambivalente. Il calme, rassure, protège, il masque les fractures, atténue les douleurs, répare autant que possible les fêlures et les traumas. S’il est réciproque, il valorise le soutien qu’on donne comme celui qu’on reçoit, il produit de la gratitude, de la reconnaissance, de l’émotion, de l’affect. S’il est couplé au désir sexuel (ce qui n’arrive pas toujours), il est inébranlable. C’est le cas pour le relation entre Sailor et Lula, dans le film de David Lynch (1990). Ils ont subi l’un et l’autre leur quota de traumatismes, d’humiliations, de douleurs et de désespoirs. En se rencontrant, ils les mettent en commun et les inhibent. Ne pouvant se mettre à l’abri de la violence du monde, ils la transforment en violence amoureuse. Plus l’environnement est brutal, et plus leur solidarité s’approfondit. À force d’obstination, ils finissent par devenir un vrai couple, c’est-à-dire un couple classique, socialement valorisé : papa, maman et le petit garçon. Cet aboutissement banal, voire trivial, c’est le triomphe de l’amour.

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