Nationalisme, racisme, Walten

Avec le nationalisme, le racisme, c’est la violence originelle, irréparable et mortifère, qui fait retour

On peut faire l’histoire du nationalisme, du racisme, des conflits politiques et sociaux, on peut mentionner les raisons locales, historiques, économiques, sociales, etc., de leur déploiement, on peut en proposer des explications, raconter leur irruption, leur développement, les causes de leur répétition et de leur perpétuation. Mais chaque fois, quelle que soit leur forme ou leur intensité, c’est une violence archaïque, originelle, qui fait retour avec ces mouvements. S’il n’en était pas ainsi, on ne comprendrait pas l’excès irrationnel, la pure haine destructrice, qu’il s’agisse des guerres mondiales, des conflits locaux ou des génocides. La violence utile est dépassée, débordée par un supplément de brutalité et de cruauté qui excède toute logique. C’est si difficile à représenter qu’on passe souvent, au cinéma, par les animaux. Dans White Dog (Samuel Fuller, 1982), un chien est dressé pour s’en prendre spécifiquement aux Noirs, les démembrer, les tuer. Tant que le chien reste chez son propriétaire, il est au service d’un projet ignoble, mais cohérent : un racisme de mépris, de destruction, de haine. Mais dès lors que le chien s’enfuit, se retrouve ailleurs, chez d’autres personnes qui ne partagent pas ces idées, la dimension absurde de pure violence destructrice est mise à nu. Plus rien ne peut la justifier, en donner une explication, même la plus imbécile. C’est la violence originelle, en-deçà de toute civilisation, de tout souci d’intérêt ou de prédation, qui est en cause. Des personnes de bonne volonté tentent de guérir le chien, de le dresser autrement, mais c’est impossible. Déchaînée, cette violence est inarrêtable.

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