Supplémentarité / Hybridité

En vouloir toujours plus, c’est générer toujours plus d’hybridité

— Le scripteur : Dans une logique quantitative, en vouloir toujours plus, c’est ajouter du même au même : plus de production, plus de résultat, plus d’argent. Mais en pratique, ça ne marche pas toujours ainsi. Prenez un businessman, par exemple Max Renn dans le film de David Cronenberg, Videodrome(1983). Il veut développer l’activité de sa chaîne câblée Channel 83, ce qui veut dire plus de spectateurs, plus d’abonnements, plus de revenus. Au départ, la question est quantitative. Pour élargir la clientèle, il faut d’autres films plus saisissants, plus marquants, plus brutaux. Il est pris dans cette recherche dans laquelle lui-même participe, comme s’il était un client, et c’est alors que ça dérape. En voulant se procurer un programme qui répond à ses critères, il tombe dans un piège. La supplémentarité change de forme : une tumeur de plus dans son cerveau, une autre hallucination imprévue, des objets dans son corps (un pistolet, des cassettes Betamax), ce qui vient en plus vient en trop. La logique n’est plus additive, mais transformatrice.

— Max : Je ne trouve pas anormal de vouloir développer une entreprise, de vouloir augmenter le nombre de clients. Je l’ai déjà dit, mieux vaut que les pervers fantasment devant leur télévision, plutôt qu’ils agressent les gens dans la rue, et si j’en tire profit, eh bien tant mieux. C’est un acte social positif, qui ajoute du bien-être, qui pacifie la société. Je n’impose rien aux gens, alors pourquoi m’imposerait-on, à moi, quelque chose ? 

— Nicki : Ce qui t’est arrivé démontre que tu ne cherchais pas ce que tu croyais chercher. Il te fallait un autre supplément, extérieur à ton activité habituelle. Quand il est arrivé, tu ne savais plus quoi faire, tu te demandais si c’était un intrus ou au contraire l’objet attendu, désiré. Par définition le supplément vient en plus, il sort de ton domaine habituel. Il faudrait que tu apprennes à le maîtriser, si tu en étais capable.

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