Archi-amour (plan)

En-deçà de l’amour couran peut surgir l’autre amour, sans cause ni condition, l’archi-amour

Il arrive des choses incontrôlables qu’aucune cause ne peut justifier. Ce que je nomme ici archi-amour me semble pouvoir être inscrit dans la liste. Ce n’est pas l’amour rassurant, quotidien, c’est un autre amour dangereux, souvent destructeur. On ne peut pas le recommander à la façon d’une injonction ou d’un commandement, mais il arrive qu’on le sollicite, qu’on l’appelle. Quand on s’intéresse au cinéma, on y est très souvent confronté, sans saisir ce dont il s’agit et sans être capable de le nommer. Il revient de tous côtés avec son cortège de déceptions, de souffrances, de pertes de contrôle, d’épuisement pouvant aller jusqu’à la mort. On ne vit pas avec lui, on y survit sous emprise dans l’attente angoissée d’une catastrophe. Pour vivre heureux, sans doute faudrait-il pouvoir le refouler, mais ce pouvoir-là n’est pas à notre portée.

Rien ne conditionne l’archi-amour, et quand il survient, il n’est pas contrôlable
Il arrive que survienne une archive de l’amour, trop vieille pour venir en memoire, mais assez intense pour se manifester
L’archi-amour ignore la pudeur, les lois, les règles sociales, l’éthique
Porteur d’une catastrophe inconnue, incontrôlable, archaïque, l’archi-amour oblige à délaisser sans retour les figures de l’amour courant, familial ou social
Emprise et assentiment, appel, voire autosacrifice, sont indissociables
Il faut se retirer devant l’archi-amour, en passer par une mort, la peine de mort ou la pulsion de mort
La plus cruelle, la plus primordiale des violences, peut surgir dans l’intimité des rapports amoureux

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