Le monde se retire, il faut que je te porte
JE SUBIS
Je m’accroche à l’ancien monde, qui résiste à la disparition
Je ne peux rien contre le mal radical, négation absolue du monde
J’EN SOUFFRE
Je dois coexister avec une crise écologique qui m’emporte
Je suis incapable d’intérioriser les valeurs de ce monde
Je ne peux plus rien dire, j’en pleure
De l’ancien monde, il ne reste que la nostalgie qui survit en moi
Je suis en deuil irréparable
JE ME RETIRE
Il ne me reste aucune place dans des mondes effacés par l’affrontement stérile de pouvoirs souverains
Je ne crois plus aux binarités ni aux systèmes de ce monde
Le monde se vide, je suis moi-même vidé
Je me suicide
JE ME LAISSE PORTER
Un reste de l’ancien monde m’inquiète, il faut que je m’en protège
Je me laisse entraîner dans l’affrontement de pouvoirs souverains
JE TE PORTE
Mélancolie : un « Je te porte » stérile
Je porte ce reste qui, en survivant, peut produire du nouveau
Sans savoir où elle conduira, je soutiens l’hybridation du monde
Je privilégie le consentement de l’autre
J’obéis à tes directives
Je parie sur ton avenir, par bénédiction ou malédiction
De ce qui vient de l’autre, je me considère responsable
Je reconnais à des non-humains la personnalité juridique
Par l’œuvre que j’accomplis, je te porte
Au-delà de l’être, je ne peux pas te suivre
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