Oeuvre inconditionnelle (Plan)

En affirmant l’œuvre inconditionnellement, en-dehors de tout calcul, de toute finalité et de toute transaction

Un film n’est pas un objet, c’est une expérience. Je le vois à une certaine date, dans certaines circonstances que je peux maîtriser, ou pas. Mon opinion sur le film, mon appréciation diffèrent en fonction de mon état mental, de mes projets, de mes soucis, de mes interlocuteurs à ce moment-là. Un contexte s’est établi autour de moi, malgré moi, qui délimite un positionnement, des conditions dans lesquelles j’ai pu voir ce film. Il n’est pas le seul. Un autre contexte (ou plusieurs) aussi peu maîtrisable s’est établi pour la conception, le tournage, la distribution, les critiques et commentaires qui l’ont accompagné. Tout cela forme un environnement, un ensemble de contraintes qui conditionnent son contenu, sa forme, et aussi sa réception. L’événement étrange, pour ne pas dire le mystère qui arrive parfois, c’est que certaines œuvres, dans certaines situations, échappent à cet ensemble de déterminations. Contrairement à tout ce à quoi on pourrait s’attendre, elles s’affirment inconditionnellement. Ce que j’entends par là ne peut pas être strictement défini. Il s’agit d’un événement, d’un acte de langage, d’audition et de vision (un performatif) qui s’écarte des intentions des participants. Quels que soient leurs raisonnements, leurs espoirs, leurs attentes, le résultat est différent. Que s’est-il passé? On peut parfois l’analyser a posteriori, mais on ne peut pas le prévoir. L’inconditionnel, quand il arrive, arrive soudainement, sans qu’on puisse en tirer aucune généralité.

En refusant tout calcul
En prenant acte d’une impossibilité
En allant au bout d’un retrait
En préservant le mystère de l’autre, son secret
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