Supplémentarités

Du supplément, il y en a toujours plus

Pour toi, Jack Y. Deel, la supplémentarité n’est pas un concept comme les autres, ce n’est même pas un mot comme les autres. Le monde n’est pas clos, fermé, il n’est dirigé vers aucune finalité, il a pour particularité d’accueillir toujours autre chose, toujours plus. Sa structure, son fonctionnement, sa dynamique, sont supplémentaires, et cela, bien sûr se répercute dans les films. Ça ne veut pas dire que tous les films ont une structure supplémentaire (loin de là), mais au moins certains d’entre eux. J’aime citer, par exemple, Maine Océan de Jacques Rozier (1986). On ne sait jamais ce qui va arriver dans la minute qui suit. Tout se passe, à chaque instant, comme si le récit inventait la suite. On peut citer d’autres cas, par exemple ceux où, dans le cours du film, un événement inattendu, extraordinaire, surgit, qui induit un autre mouvement, une autre façon de vivre. C’est le cas de Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda (1962) – où l’héroïne vit un supplément de vie dans l’espoir d’un autre supplément. Dans d’autres cas, par exemple Suis-moi je te fuis, Fuis-moi je te suis (Kôji Fukada, 2022), un personnage est entraîné dans une vie supplémentaire dont il n’avait pas la moindre idée précédemment. On pourrait continuer de donner des exemples, fabriquer toute une casuistique.

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