La guerre des mondes (Steven Spielberg, 2004)

Ne craignez pas les catastrophes, car nous sommes protégés par une immunité quasi-miraculeuse, qui tombe directement du ciel

C’est un film plutôt conventionnel, au scénario banal et sans surprise, une sorte d’apologie de la famille (et aussi de la nation) américaine(s). Même dans les pires conditions, elle résiste (la famille), elle se reconstitue, elle reste le cadre où se jouent l’héroïsme et la générosité. Les extra-terrestres sont battus, les enfants retrouvent leurs parents, la société tient le choc sous la protection de l’armée, et la vie suit son cours.

Deux remarques :

  1. Le père n’a de place dans son rapport à ses enfants qu’en tant qu’il est celui qui sauve. Il n’est ni transmetteur ni éducateur. Dans la vie courante, ses enfants ne le respectent pas. Mais à la faveur d’un événement extraordinaire, réel, qui vient contrecarrer le cours habituel des choses, la paternité (re)prendra sa place. Ce schéma rappelle celui d’un autre film du même Steven Spielberg : Hook. C’est comme si la paternité, rejetée du monde quotidien, était devenue virtuelle. On ne l’aperçoit même pas, on l’a oubliée, mais elle est toujours là, latente, dissimulée, comme un spectre endormi. Un événement extraordinaire peut la réveiller. Certes cela n’arrive pas sans quelques dégâts collatéraux (des foules de morts dans le film), mais le résultat final est positif : la famille est sauvée. Ouf!
  2. la question de l’immunité. Tout le film peut être éclairé par la dernière phrase prononcée par la voix off : « Dès l’instant où les envahisseurs sont arrivés, ont respiré notre air, ont mangé et bu, ils étaient condamnés, défaits, détruits. Après l’échec de toutes les armes et les moyens humains, les plus petites créatures que Dieu dans sa sagesse a mis sur terre les ont éliminés. Au prix de millions de mort, les humains se sont immunisés, ils ont gagné le droit de survivre parmi le nombre infini d’organismes sur cette planète, et contre tous les défis, ce droit fait que les hommes ne vivent et ne meurent pas en vain ». Les efforts volontaires de la société américaine, toutes institutions confondues, pour éliminer les extraterrestres, ont échoué. Pourtant le film se termine bien. Pourquoi? Parce que ces extraterrestres qui se nourrissent de sang ne sont pas immunisés contre les maladies. Il leur arrive ce qui est arrivé aux indiens d’Amérique. Présents sur leur terre bien avant nous, avant la civilisation, ils n’ont pas acquis la capacité de résistance aux virus. Sans doute les extra-terrestres avaient-ils tout prévu sauf ça : la vie produit en même temps ses ennemis et ses défenses, et si on n’a pas d’anticorps, on meurt. Donc ils meurent. L’avantage pour la société humaine est que ce genre d’immunité ne demande aucun effort. Nous en bénéficions automatiquement. Elle est quasi-miraculeuse, elle tombe du ciel, comme les dix plaies sont tombées sur Pharaon. Trois ans après le 11 septembre, un message subliminal (optimiste) est adressé au peuple : Ne vous en faites pas, le terrorisme finira par s’effondrer tout seul. L’extériorité n’est pas un problème politique, c’est un problème biologique. Même si nos efforts actuels ne mènent à rien, voire s’ils sont contre-productifs, il ne faut pas s’inquiéter, la victoire finale est assurée. 
  3. On peut douter, malheureusement, que cette assertion soit toujours vraie.

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Pierre Delain

Initiateur et auteur du blog "Cinéma en déconstruction"

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