Ikiru (Vivre) (Akira Kurosawa, 1952)
On peut, en donnant lieu à un supplément pour l’autre, vivre plus que la vie
On peut, en donnant lieu à un supplément pour l’autre, vivre plus que la vie
Un pacte de suicide où l’appel de la mort détermine l’amour, et non pas l’inverse
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
Tuer pour procurer un héritage à son fils, dans le monde absurde des gangsters, c’est mourir vivant.
À travers ses manifestes, l’art en personne déclare : « Sauf l’art, rien ne peut être sauvé »
L’ange vivant de la mort appelle le photographe, il lui donne accès à un monde sans deuil, ni devoir, ni dette.
« Je suis mort », souverainement mort, bien que vous puissiez encore voir mon corps, entendre ma parole et ma voix.
Une force excessive, inquiétante, souveraine, s’impose sans considération ni pour la vie, ni pour la mort, ni pour la crédibilité du récit.
« Il faut mourir vivant »dit la photo-reporter, en laissant à d’autres les traces de son parcours, et un film.
S’arrêter sur le pont qui mène au fantasme, au rêve, en passant par la photographie.
Ni fiction, ni documentaire, ni théâtre, ni cinéma, ni genre déterminé – un cinéma aporétique contaminé par la mort.
S’ensommeiller, se retirer du monde, renoncer à l’archive, affirmer son unicité pour finalement, enfin, mourir vivant.
Est star celui qui peut mourir sans mourir, faire du cinéma sans faire du cinéma, signer un film en le déconstruisant.
Mourir une deuxième fois, vivante, pour une autre alliance, plus porteuse d’avenir.
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
Une grand-mère pour toujours sur le point de mourir, sans jamais franchir le pas.