Films (les 50 articles les plus récents)
Ce que cette nature te dit (Hong Sangsoo, 2025)
Il faudrait, pour se dissocier légitimement du monde, être un poète exceptionnel, unique – celui qui n’en est pas digne est rejeté, méprisé
L’Étranger (Albert Camus 1942, Luchino Visconti 1967, François Ozon, 2025)
Étranger au monde, indifférent à ses valeurs, il assume le geste qui, par la peine de mort, l’en séparera pour toujours
La Dame de Shanghai (Orson Welles, 1947)
Il faut, pour survivre, accepter l’incompréhensible, renoncer au calculable
Touch of Evil (La Soif du Mal) (Orson Welles, 1958)
Le mal surgit quand la chaîne des promesses, des dettes, des reconnaissances et des représailles s’altère, se dérègle, se disloque
Chronology of Water (Kristen Stewart, 2025)
Un film ultra-féminin qui décrit l’immersion corporelle, émotionnelle et sexuelle dans le phallo-pouvoir, son écriture et la voie d’un certain apaisement
Deux Pianos (Arnaud Desplechin, 2025)
Se déprendre de l’autre pour continuer à vivre
Nouvelle Vague (Richard Linklater, 2025)
Combiner dans le même mouvement la déprise et l’affirmation d’une pensée singulière
Weapons aka Evanouis (Jack Cregger, 2025)
Rien ne peut empêcher que le rêve de vengeance, de possession, d’emprise mentale sur autrui, déborde de son intention initiale
Yes / Oui (Nadav Lapid, 2025)
On ne peut dire « Oui » à l’impardonnable sans s’auto-détruire
Une bataille après l’autre (Paul Thomas Anderson, 2025)
Il faut préférer l’hybridation à la confrontation violente des appartenances et des opinions
Brazil (Terry Gilliam, 1985)
Il faut, pour que triomphe le pouvoir absolu, réduire les fantasmes à néant, car ils se présentent comme les plus dangereuses des pensées
1984 (George Orwell, 1948, Michael Radford, 1984)
Pour s’imposer absolument, le souverain ne doit pas seulement commander aux vivants, à la société, il faut aussi qu’il commande absolument à la pensée
Kontinental 25 (Radu Jude, 2025)
Je me sens coupable d’une situation à laquelle je suis, de fait, associé·e, et nul ne peut guérir, ni même alléger ma culpabilité
La Venue de l’Avenir (Cédric Klapisch, 2025)
Nepo babies et Nepo art – Un film de retrouvailles familiales qui laisse entendre que l’art ne vaut que par sa valeur mémorielle ou marchande
After Hours (Martin Scorsese, 1985)
Une nuit de chaos qui, en définitive, ne change rien – car jamais le héros ne se détache de la faute
Gerry (Gus Van Sant, 2002)
Il aura fallu perdre son chemin pour mettre à l’épreuve la fraternité
Le Salaire de la Peur (Henri-Georges Clouzot, 1953), Sorcerer (William Friedkin, 1977)
Pour qui est déjà mort (socialement, humainement), il n’y a pas de retour possible
Sirāt (Óliver Laxe, 2025)
Rencontrer la mort sur le chemin détourné d’une danse, une fête, une jouissance tragique
Fantôme utile (Ratchapoom Boonbunchachoke, 2025)
Les fantômes qui exigent la justice ne se laissent pas effacer, oublier, leur présence insiste et s’ils se rassemblent, ils peuvent transformer le monde des vivants
Miroirs n°3 (Christian Petzold, 2025)
On ne peut pas compenser la culpabilité d’avoir causé ou laissé venir la mort, mais on peut marcher, franchir un pas au-delà
The Idiots (Lars Von Trier, 1998)
Il aura fallu, pour renaître, en passer par un lieu de confusion, d’effacement, de non-savoir : idiotie, bêtise, handicap mental
Breaking the Waves (Lars von Trier, 1996)
Un amour inconditionnel, sous emprise, par le simple pouvoir de la voix, fait des miracles
Conceiving Ada (Lynn Hershman-Leeson, 1997)
Une mise en œuvre du principe analytique du biopic : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » à propos d’Ada Lovelace, dont l’essentiel reste secret
Cronos (Guillermo del Toro, 1993)
Ce n’est pas le mourant qui a le plus à perdre, c’est le vivant éternel, qui ne peut pas solder ses dettes
Blue Velvet (David Lynch, 1986)
Je rêve d’un autre amour caché, secret, mystérieux, dont mon oreille, séparée de mon corps, pourrait entendre le chant inquiétant, dangereux
Alpha (Julia Ducournau, 2025)
Dans un monde déréglé, sans lien social ni valeurs, on ne peut s’appuyer que sur une famille étroite, et des corps quasi morts
Mother, I Am Suffocating. This Is My Last Film About You (Lemohang Jeremiah Mosese, 2019)
Je porte en moi ma mère, ma patrie, elles m’étouffent, trop lourdes pour que je tienne sous leur poids, je les chasse
The Life of Chuck (Mike Flanagan, 2025)
L’adage : « Quand un vivant disparaît, un monde disparaît avec lui » – pris aussi littéralement que possible
Don’t let the Sun (Jacqueline Zünd, 2025)
Avec le dérèglement climatique, ce sont tous les liens sociaux, humains et affectifs qui se dérèglent
Dracula (Radu Jude, 2025)
Un film déréglé, qui renvoie péniblement au pire dérèglement, celui du monde
Valeur sentimentale (Joaquim Trier, 2025)
Une présence obscure, enfouie, aura incrusté entre le père et la fille un archi-lien, une quasi-télépathie
White Snail (Elsa Kremser et Levin Peter, 2025)
Une amitié suspendue à la ligne fragile qui sépare la vie de la mort – ne peut pas durer
Legend of the Happy Worker (Duwayne Dunham, David Lynch, 2025)
Pour continuer à vivre, il faut renoncer à poser la question : « Pourquoi ? »
Materialists (Celine Song, 2025)
On peut faire couple ou se marier par calcul, transaction, voire sentiment amoureux – mais alors dans le même mouvement on s’expose à l’incalculable
Eddington (Ari Aster, 2025)
Un film ni pire ni plus pénible à voir que ce qu’il représente : le retour du chaos, sans autre perspective que le chaos lui-même
Une femme douce (Robert Bresson, 1969)
Un amour irraisonné, surgi inopinément, c’est un danger, une perte de contrôle qui peut être mortelle
Model Shop (Jacques Demy, 1969)
L’amour inconditionnel, ce n’est pas le début d’une histoire à venir, c’est la fin d’une histoire où rien n’est arrivé
Lola (Jacques Demy, 1961)
Rien ne peut empêcher la réitération, à chaque génération, du même cycle d’amours dont la trace subsiste, inconditionnellement
Nuits blanches (Luchino Visconti, 1957), Quatre Nuits d’un Rêveur (Robert Bresson, 1971)
Il n’y a pas de justice en amour
L’accident de piano (Quentin Dupieux, 2025)
Le système de l’Internet forclot la douleur, et aussi la singularité, l’intimité, l’insu, l’inconscient, etc.
Kinds of Kindness (Yórgos Lánthimos, 2024)
Dans un système qui tend au totalitarisme, une défaillance qui bouleverse les places et les fonctions est toujours possible – mais nul n’en connaît à l’avance le résultat
Baal (Bertolt Brecht, 1919, Volker Schlöndorff, 1970)
Le rejet de toutes les valeurs par un personnage obscène, inqualifiable, fait advenir un amour irrésistible, injustifiable, intenable, qui ne trouve de réciprocité que dans la mort
L’Opéra de Quat’Sous (Bertolt Brecht, 1928 – Georg Wilhelm Pabst, 1931)
Stranger Eyes (Yeo Siew-Hua, 2024)
Un monde dans lequel le regard, « male gaze » ou « female gaze », s’atrophie au profit d’un non-regard, le « cam gaze »
Scénario (Jean-Luc Godard, Jean-Paul Battaggia, Fabrice Aragno, Nicole Brenez, 2024)
Anticipation d’un film dont la toute dernière partie reste à venir
Le Procès (Orson Welles, 1962)
Nous sommes affectés par une culpabilité originelle, irréparable, qui ne peut être ni compensée, ni sanctionnée
Reflet dans un diamant mort (Hélène Cattet et Bruno Forzani, 2025)
Dans un monde sans enjeu ni avenir, il ne reste que des références, des compulsions, des poussées de fantasme, des traces de désir dont le sens se dérobe
Les Espions (Henri-Georges Clouzot, 1957)
De ce monde inexplicable, insensé, où il faut bien vivre, on ne peut témoigner qu’en silence
La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot, 1968)
Testament de Clouzot : Il appartient à tout cinéaste digne de ce nom d’honorer un statut d’exception : le droit de se soumettre à sa guise, sans loi ni limite, les acteurs, personnages et autres items d’un film
L’Enfer (Henri-Georges Clouzot, 1964, Claude Chabrol, 1994, Serge Bromberg, 2009)
Axiome de Clouzot : « Ayant un droit d’emprise sur tous les éléments d’un film (personnes et choses), j’ai aussi le droit souverain, inaliénable, de le·s mettre à mort »
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