Un monde dans lequel le regard, « male gaze » ou « female gaze », s’atrophie au profit d’un non-regard, le « cam gaze »
Anticipation d’un film dont la toute dernière partie reste à venir
Nous sommes affectés par une culpabilité originelle, irréparable, qui ne peut être ni compensée, ni sanctionnée
Dans un monde sans enjeu ni avenir, il ne reste que des références, des compulsions, des poussées de fantasme, des traces de désir dont le sens se dérobe
De ce monde inexplicable, insensé, où il faut bien vivre, on ne peut témoigner qu’en silence
Testament de Clouzot : Il appartient à tout cinéaste digne de ce nom d’honorer un statut d’exception : le droit de se soumettre à sa guise, sans loi ni limite, les acteurs, personnages et autres items d’un film
Axiome de Clouzot : « Ayant un droit d’emprise sur tous les éléments d’un film (personnes et choses), j’ai aussi le droit souverain, inaliénable, de le·s mettre à mort »
Un appel sans source, ni origine, ni signification, ni cause, ni enjeu – ne peut conduire qu’à la destruction : de soi et de l’autre
Pour ouvrir une autre éthique, il faut pleurer, implorer
À l’amour inconditionnel, rien n’est comparable ni équivalent
Un deuil de soi ambigu, qui rend la singularité possible
L’essentiel n’est pas l’identité, mais les minces différences qui font de mon double un·e autre, un supplément dont je suis inséparable
Il n’y a pas de fraternité sans bénédiction : porter l’autre vers un avenir inconnu
alédiction phallogofantasmatique
Chacun, solitaire face à l’Internet, peut se transformer en fantôme de l’autre côté de l’écran et disparaître de ce monde-ci (sauf exception)
Derrière les fluctuations de la valeur monétaire des objets, se cachent des vies concrètes, des corps affectés, des espoirs brisés
Des plus brutaux acteurs de l’histoire, on ne retient que l’impardonnable
Un brouillage des limites qui transgresse la mise en abyme elle-même
Démocratie aporétique : un peuple absent, des décideurs qui ne décident de rien, l’effacement du politique
Au-delà de son intérêt, le tueur souverain érige sa propre loi, une obligation quasi-morale, inconditionnelle, à laquelle il ne peut contrevenir
Contourner le deuil en ne retenant de la mort que sa matérialité (pourriture, décomposition)
Un dibbouk qui fait de l’incertitude un principe de vie, une obligation éthique, métaphysique, un pas au-delà du monde
En exigeant une justice impossible à instaurer, le dibbouk interdit l’oubli
Celui dont l’avenir aura été déterminé avant la naissance n’aura pas d’avenir, il ne vivra pas
Incapable de traverser jusqu’au bout les épreuves, la justice incarnée par l’innocence ne peut que mourir assassinée
Sur le chemin d’une foi qui ne repose sur rien d’autre que la foi – un « rien » suffisant pour fonder la croyance, la crédibilité
Le monde qui s’en est allé nous laisse sans orientation : tu n’as pas de chemin pour moi, je n’ai pas de chemin pour toi, mais si tu me suis, nous irons au-delà
S’il y avait une langue universelle, elle serait en même temps étrangère et ma langue, générale et locale : ce serait une langue impossible, aporétique
Inexplicable, instable, inclassable, insaisissable, le jeune meurtrier incarne le déséquilibre d’où pourrait surgir une réponse, une nouvelle donne
Ayant vécu « ma vie » sous le signe de la gratuité, « ma mort » arrive quand à cette place s’impose l’échange, la circulation du sang
Faire l’expérience, en quasi-direct, du réel de la mort
Il faut, pour cheminer vers le deuil, le soutien d’une addiction, d’une substance pharmacologique
Trop d’affect, de spontanéité, de tension amoureuse, une femme trop différente, c’est pour la société, la famille, une déconstruction, une agression insupportable
Un dernier désir au-delà de tout désir : mourir vivant
En-deçà de l’amour surgit la violence primordiale, inexplicable, de l’archi-amour
Il faut appeler, au-delà du souverain, une justice à venir
Le conditionnement au racisme est irréversible, c’est un crime que rien ne peut réparer ni compenser
Pour effacer les dettes à l’égard d’autrui, il aura fallu que s’instaure une relation toute autre avec les vivants, les animaux, les personnes
Une menace extérieure anonyme, impersonnelle, inexpliquée, exige un sacrifice pur, inconditionnel, sans réserve
Comment ne pas trouver son chemin, dans le temps retardé du retour spectral et de la désagrégation du temps
Un monde en suspens dans un voyage où s’effritent le social, l’autorité, ouvrant la voie à d’autres valeurs, au-delà du deuil
Evider un monde pour porter, sans que rien ne l’entrave, le commencement d’une parole
Un Jésus vivant, qui ne cède en rien au sacrifice
Une fable aporétique où la mort du souverain ouvre la possibilité d’une hybridité à venir
Témoigner de la présence d’un peuple par un semblant d’archive
Il faut, pour aller vers sa propre destination, la violence de l’autre
D’une voix perdue, absente, on ne peut faire émerger qu’une archi-présence pour toujours enclose, inaccessible, encryptée
Pour sauver la ville de la mort, il faut renoncer à l’amour conjugal pour une autre alliance, mystérieuse, un autre réseau d’allégeance
Le rêve du réalisateur : une caméra qui, se faisant passer pour un spectre, possède la faculté d’intervenir sur ce qu’elle filme
Tomber sous emprise est une malédiction dont on ne peut s’extraire qu’en y sacrifiant ce qui, au fond de soi, y adhérait