Dans le cinéma se multiplient les modalités, formes et expressions du supplémentaire, il en invente toujours plus
Au cinéma, la supplémentarité se joue sur plus d’un niveau :
- On produit toujours plus de films qui explorent toujours plus de situations. Certes les pitchs, les scénarios, les situations, les styles sont souvent répétitifs, mais il faut aussi se différencier, et la différenciation conduit à s’extraire, parfois, des chemins établis.
- Des courants nouveaux comme la dite Nouvelle Vague donnent à des auteurs comme Jean-Luc Godard, Chris Market ou Jacques Rozier l’occasion d’explorer des pistes inconnues.
- Il arrive qu’on improvise. Un exemple parmi d’autres : Maine Océande Jacques Rozier (1986), où l’on ne sait jamais ce qui va arriver dans la minute qui suit. Tout se passe, à chaque instant, comme si le récit inventait la suite.
- Tout dépend de ce qu’on ajoute. On peut ajouter des thèmes à des thèmes, des épisodes à des épisodes, sans rien ajouter de nouveau. Dans Le deuxième acte (2024) ou Daaaaaali! (2023), Quentin Dupieux ajoute toujours plus de mises en abyme, un procédé qui pourrait, s’il n’était pas transformé, tourner au poncif.
- Il peut arriver que, dans le cours du film, un événement inattendu, extraordinaire, surgit, qui induit un autre mouvement, une autre façon de vivre. C’est le cas de Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda (1962) – où l’héroïne vit un supplément de vie dans l’espoir d’un autre supplément, ou dans Le Rayon Vert (Eric Rohmer, 1986), où l’irruption d’un phénomène stellaire procure une jouissance inespérée. Dans d’autres cas, par exemple Suis-moi je te fuis, Fuis-moi je te suis (Kôji Fukada, 2022), un personnage est entraîné dans une existence supplémentaire dont il n’avait pas la moindre idée précédemment.
On pourrait continuer de donner des exemples, fabriquer toute une casuistique.