Eat the Night (Caroline Poggi et Jonathan Vinel, 2024)
Fini de jouer! Sans chez soi ni extériorité, sans passé ni avenir, plus rien ne protège de la cruauté du monde
Fini de jouer! Sans chez soi ni extériorité, sans passé ni avenir, plus rien ne protège de la cruauté du monde
Quand s’arrête le mouvement de la différance, quand s’épuise la supplémentarité, alors l’artiste meurt, fasciné par la beauté – mais un autre artiste (Visconti) peut prendre la suite
Porter l’autre, en prendre le deuil, dans l’espoir de donner à ce qui aura été vécu une signification supplémentaire<<<;
Délivrée du phallique, la sexualité féminine peut se saisir de la chair.
Il aura fallu, pour entendre le secret dont l’autre témoigne, en passer par un « Je suis mort »
Pour échapper au jugement, il ne suffit pas que l’autre prenne sur lui tout le poids de la faute.
Se faire orpheline, exposée au danger, pour que s’invente une autre alliance.
Par sa voix, la chanteuse baroque réunit la vie, la mort, et l’au-delà de la vie, au-delà de l’être, plus que la vie.
Une force excessive, inquiétante, souveraine, s’impose sans considération ni pour la vie, ni pour la mort, ni pour la crédibilité du récit.
Je regarde, depuis ma cachette, ce monde à la veille de sa disparition, puis je passe le témoin à un autre, sans le porter
Incapable de demander pardon, de renoncer à la perversion, elle choisit le vide, la déchéance, l’anéantissement.
Un pouvoir uniquement fondé sur l’affirmation charismatique de soi-même se met dans la dépendance absolue d’autrui.
En s’affirmant performative, la déclaration du transgenre, du non-binaire, appelle une confirmation publique, identitaire.
Nettoyer, dans un pur linceul, la crainte et la culpabilité.
Nul n’est innocent, il y a toujours un gouffre dans lequel chuter.
Il faut, quand le phallocentrisme se désagrège, « rester vertical » sans la prothèse d’une érection, sans le prétexte d’un ordre social.
On ne peut défendre un « chez soi » contre la puissance phallique qu’en participant de cette puissance.