La Chambre d’à côté (Pedro Almodóvar, 2024) (The Room next Door)
Pour mourir dans la dignité, il faut mourir vivant
Pour mourir dans la dignité, il faut mourir vivant
Une pure éthique singulière, inconditionnelle, d’une absolue simplicité, ne peut pas se mesurer à l’injustice
Je ne peux prétendre qu’en vérité, « Je suis mort », qu’en prenant l’identité d’un vivant assez crédible pour dire : « il est mort », mais alors ce « il », ce doit être aussi moi
De la tentative d’effacer tout ce qui fait le cinéma, il reste un film qui donne paradoxalement au cinéma son sens
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
Pour réussir dans la vie sociale, médiatique, on n’échappe pas aux stéréotypes mais on peut contribuer à leur déconstruction.
On peut, par le cinéma, fabriquer un ersatz de multivers par lequel s’instille le retour obsédant de la spectralité
En voulant me transformer, je redeviens ce que je suis et son contraire, mon propre pharmakon.
Il faut, pour survivre, prendre tous les rôles, se déguiser jusqu’à épuisement.
Une tragédie hétéro-thanato-graphique : « Tu es en deuil de toi-même, il faut que je te porte ».
Les traces des civilisations disparues appellent un deuil inarrêtable, une hantise infinie, qu’aucun savoir ne peut effacer.
Esquisse d’une autre communauté où l’éthique des singularités prévaut sur la solidarité de groupe.
Complaisamment j’exhibe toutes les facettes de mon image, afin de protéger mon secret.
Pour accéder aux souvenirs, il faut pousser toujours plus loin le mouvement de la mimesis, multiplier les dédoublements.