Blow Out (Brian de Palma, 1981)
Il ne reste du naufrage du politicien que la trace d’un cri, le deuil de la vérité, de la confiance
Il ne reste du naufrage du politicien que la trace d’un cri, le deuil de la vérité, de la confiance
Il faut une voix possessive, étouffée quoique toute-puissante, pour s’approprier par le proxénétisme du texte et du montage le corps et l’expression des femmes
N’étant rien, le Joker peut tout représenter : le bien comme le mal, le rire comme les larmes, il est le « pharmakon » qui symbolise le chaos comme la justice, le crime et sa réparation
Ni la vie, ni l’amour, ni la vérité n’ont de sens, pas plus que le jeu d’acteur qui les mime, alors il faut s’en retirer – c’est triste, on en pleure
On peut, par le cinéma, fabriquer un ersatz de multivers par lequel s’instille le retour obsédant de la spectralité
La circulation de l’argent est a-morale, irrationnelle; ce ne sont pas les marchandises qui circulent mais la faute, sans souci d’équilibre, d’éthique ni de justice
Le jugement final, c’est que nul ne peut témoigner de la vérité.
Un film construit pour qu’on ne puisse en tirer aucune conclusion définitive : un thriller aporétique.
Ce qui fait la beauté irremplaçable du film et aussi sa faille, c’est que rien ne transpire du secret.
Il faut, pour surmonter sa culpabilité, faire l’expérience de l’impossible.
Par la grâce d’une amnésie purificatrice qui annule les fautes, innocente, immunise du passé – on peut recevoir le pardon.
Où la décision juste, crédible, ne repose plus sur le témoignage mais sur la trace calculable.
Un film qui démontre l’impossibilité de l’art, et creuse son tombeau.
À tout ce qu’on voulait faire de moi, j’ai acquiescé, mais on ne peut pas m’empêcher de dire « je ».
Un film, dans le film, révèle une vérité dont il témoigne par le montage.
Il faut, pour donner au film un poids de pensée, de réel, mettre en scène la non-réponse de l’autre.