Chronology of Water (Kristen Stewart, 2025)
Un film ultra-féminin qui décrit l’immersion corporelle, émotionnelle et sexuelle dans le phallo-pouvoir, son écriture et la voie d’un certain apaisement
Un film ultra-féminin qui décrit l’immersion corporelle, émotionnelle et sexuelle dans le phallo-pouvoir, son écriture et la voie d’un certain apaisement
Combiner dans le même mouvement la déprise et l’affirmation d’une pensée singulière
Rien ne peut empêcher que le rêve de vengeance, de possession, d’emprise mentale sur autrui, déborde de son intention initiale
Il faut préférer l’hybridation à la confrontation violente des appartenances et des opinions
Il faut, pour que triomphe le pouvoir absolu, réduire les fantasmes à néant, car ils se présentent comme les plus dangereuses des pensées
Pour s’imposer absolument, le souverain ne doit pas seulement commander aux vivants, à la société, il faut aussi qu’il commande absolument à la pensée
Je me sens coupable d’une situation à laquelle je suis, de fait, associé·e, et nul ne peut guérir, ni même alléger ma culpabilité
Nepo babies et Nepo art – Un film de retrouvailles familiales qui laisse entendre que l’art ne vaut que par sa valeur mémorielle ou marchande
Une nuit de chaos qui, en définitive, ne change rien – car jamais le héros ne se détache de la faute
Pour qui est déjà mort (socialement, humainement), il n’y a pas de retour possible
Rencontrer la mort sur le chemin détourné d’une danse, une fête, une jouissance tragique
Les fantômes qui exigent la justice ne se laissent pas effacer, oublier, leur présence insiste et s’ils se rassemblent, ils peuvent transformer le monde des vivants
On ne peut pas compenser la culpabilité d’avoir causé ou laissé venir la mort, mais on peut marcher, franchir un pas au-delà
Il aura fallu, pour renaître, en passer par un lieu de confusion, d’effacement, de non-savoir : idiotie, bêtise, handicap mental
Un amour inconditionnel, sous emprise, par le simple pouvoir de la voix, fait des miracles
Une mise en œuvre du principe analytique du biopic : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » à propos d’Ada Lovelace, dont l’essentiel reste secret
Ce n’est pas le mourant qui a le plus à perdre, c’est le vivant éternel, qui ne peut pas solder ses dettes
Je rêve d’un autre amour caché, secret, mystérieux, dont mon oreille, séparée de mon corps, pourrait entendre le chant inquiétant, dangereux
Dans un monde déréglé, sans lien social ni valeurs, on ne peut s’appuyer que sur une famille étroite, et des corps quasi morts
Je porte en moi ma mère, ma patrie, elles m’étouffent, trop lourdes pour que je tienne sous leur poids, je les chasse
L’adage : « Quand un vivant disparaît, un monde disparaît avec lui » – pris aussi littéralement que possible
Avec le dérèglement climatique, ce sont tous les liens sociaux, humains et affectifs qui se dérèglent
Un film déréglé, qui renvoie péniblement au pire dérèglement, celui du monde
Une présence obscure, enfouie, aura incrusté entre le père et la fille un archi-lien, une quasi-télépathie
Une amitié suspendue à la ligne fragile qui sépare la vie de la mort – ne peut pas durer
Pour continuer à vivre, il faut renoncer à poser la question : « Pourquoi ? »
On peut faire couple ou se marier par calcul, transaction, voire sentiment amoureux – mais alors dans le même mouvement on s’expose à l’incalculable
Un film ni pire ni plus pénible à voir que ce qu’il représente : le retour du chaos, sans autre perspective que le chaos lui-même
Un amour irraisonné, surgi inopinément, c’est un danger, une perte de contrôle qui peut être mortelle
L’amour inconditionnel, ce n’est pas le début d’une histoire à venir, c’est la fin d’une histoire où rien n’est arrivé
Rien ne peut empêcher la réitération, à chaque génération, du même cycle d’amours dont la trace subsiste, inconditionnellement
Il n’y a pas de justice en amour
Le système de l’Internet forclot la douleur, et aussi la singularité, l’intimité, l’insu, l’inconscient, etc.
Dans un système qui tend au totalitarisme, une défaillance qui bouleverse les places et les fonctions est toujours possible – mais nul n’en connaît à l’avance le résultat
Le rejet de toutes les valeurs par un personnage obscène, inqualifiable, fait advenir un amour irrésistible, injustifiable, intenable, qui ne trouve de réciprocité que dans la mort
Ethique du voyou : « On ne peut vivre et rester honnête » Le film de Pabst commence par un double « principe absolu » (c’est le terme utilisé) : 1/ « D’abord la pitance, le...
Un monde dans lequel le regard, « male gaze » ou « female gaze », s’atrophie au profit d’un non-regard, le « cam gaze »
Anticipation d’un film dont la toute dernière partie reste à venir
Nous sommes affectés par une culpabilité originelle, irréparable, qui ne peut être ni compensée, ni sanctionnée
Dans un monde sans enjeu ni avenir, il ne reste que des références, des compulsions, des poussées de fantasme, des traces de désir dont le sens se dérobe
De ce monde inexplicable, insensé, où il faut bien vivre, on ne peut témoigner qu’en silence
Testament de Clouzot : Il appartient à tout cinéaste digne de ce nom d’honorer un statut d’exception : le droit de se soumettre à sa guise, sans loi ni limite, les acteurs, personnages et autres items d’un film
Axiome de Clouzot : « Ayant un droit d’emprise sur tous les éléments d’un film (personnes et choses), j’ai aussi le droit souverain, inaliénable, de le·s mettre à mort »
Un appel sans source, ni origine, ni signification, ni cause, ni enjeu – ne peut conduire qu’à la destruction : de soi et de l’autre
Pour ouvrir une autre éthique, il faut pleurer, implorer
À l’amour inconditionnel, rien n’est comparable ni équivalent
Un deuil de soi ambigu, qui rend la singularité possible
L’essentiel n’est pas l’identité, mais les minces différences qui font de mon double un·e autre, un supplément dont je suis inséparable
Il n’y a pas de fraternité sans bénédiction : porter l’autre vers un avenir inconnu
Chacun, solitaire face à l’Internet, peut se transformer en fantôme de l’autre côté de l’écran et disparaître de ce monde-ci (sauf exception)
Derrière les fluctuations de la valeur monétaire des objets, se cachent des vies concrètes, des corps affectés, des espoirs brisés
Des plus brutaux acteurs de l’histoire, on ne retient que l’impardonnable
Un brouillage des limites qui transgresse la mise en abyme elle-même
Démocratie aporétique : un peuple absent, des décideurs qui ne décident de rien, l’effacement du politique
Au-delà de son intérêt, le tueur souverain érige sa propre loi, une obligation quasi-morale, inconditionnelle, à laquelle il ne peut contrevenir
Contourner le deuil en ne retenant de la mort que sa matérialité (pourriture, décomposition)
Un dibbouk qui fait de l’incertitude un principe de vie, une obligation éthique, métaphysique, un pas au-delà du monde
En exigeant une justice impossible à instaurer, le dibbouk interdit l’oubli
Celui dont l’avenir aura été déterminé avant la naissance n’aura pas d’avenir, il ne vivra pas
Incapable de traverser jusqu’au bout les épreuves, la justice incarnée par l’innocence ne peut que mourir assassinée
Sur le chemin d’une foi qui ne repose sur rien d’autre que la foi – un « rien » suffisant pour fonder la croyance, la crédibilité
Le monde qui s’en est allé nous laisse sans orientation : tu n’as pas de chemin pour moi, je n’ai pas de chemin pour toi, mais si tu me suis, nous irons au-delà
S’il y avait une langue universelle, elle serait en même temps étrangère et ma langue, générale et locale : ce serait une langue impossible, aporétique
Inexplicable, instable, inclassable, insaisissable, le jeune meurtrier incarne le déséquilibre d’où pourrait surgir une réponse, une nouvelle donne
Ayant vécu « ma vie » sous le signe de la gratuité, « ma mort » arrive quand à cette place s’impose l’échange, la circulation du sang
Il faut, pour cheminer vers le deuil, le soutien d’une addiction, d’une substance pharmacologique
Trop d’affect, de spontanéité, de tension amoureuse, une femme trop différente, c’est pour la société, la famille, une déconstruction, une agression insupportable
Un dernier désir au-delà de tout désir : mourir vivant
En-deçà de l’amour surgit la violence primordiale, inexplicable, de l’archi-amour
Le conditionnement au racisme est irréversible, c’est un crime que rien ne peut réparer ni compenser
Pour effacer les dettes à l’égard d’autrui, il aura fallu que s’instaure une relation toute autre avec les vivants, les animaux, les personnes
Une menace extérieure anonyme, impersonnelle, inexpliquée, exige un sacrifice pur, inconditionnel, sans réserve
Comment ne pas trouver son chemin, dans le temps retardé du retour spectral et de la désagrégation du temps
Un monde en suspens dans un voyage où s’effritent le social, l’autorité, ouvrant la voie à d’autres valeurs, au-delà du deuil
Evider un monde pour porter, sans que rien ne l’entrave, le commencement d’une parole
Un Jésus vivant, qui ne cède en rien au sacrifice
Une fable aporétique où la mort du souverain ouvre la possibilité d’une hybridité à venir
Témoigner de la présence d’un peuple par un semblant d’archive
Il faut, pour aller vers sa propre destination, la violence de l’autre
D’une voix perdue, absente, on ne peut faire émerger qu’une archi-présence pour toujours enclose, inaccessible, encryptée
Pour sauver la ville de la mort, il faut renoncer à l’amour conjugal pour une autre alliance, mystérieuse, un autre réseau d’allégeance
Le rêve du réalisateur : une caméra qui, se faisant passer pour un spectre, possède la faculté d’intervenir sur ce qu’elle filme
Tomber sous emprise est une malédiction dont on ne peut s’extraire qu’en y sacrifiant ce qui, au fond de soi, y adhérait
Je n’ai rien d’autre à transmettre que ma singularité, ma personnalité, en tant qu’elle est unique, insubstituable
Quand le pouvoir souverain, obscur, de la féminité, met en jeu la peine de mort pour s’approprier la puissance phallique
La simple présence d’une personne étrangère, sans raison ni justification, peut arracher quelqu’un à sa vie quotidienne, traduire ses pensées dans une autre langue
La mise en scène d’une histoire diffractée, disséminée, inépuisable, enfouit dans l’obscurité la folie incestueuse des personnages
En l’absence de preuve, il faut un témoignage – fût-ce d’un enfant – pour décider, mais le jugement véritable, s’il en est, pourrait venir d’ailleurs
Témoigner par le cinéma de la faculté du cinéma à témoigner du réel
La mafia fait peser sur ses membres une dette illimitée, qu’elle compense par la promesse d’une jouissance gratuite, sans limite
Pour mourir dans la dignité, il faut mourir vivant
Le jour des premières règles est celui où une bénédiction doit venir, pour protéger, accompagner et aussi prendre son envol
Purifier la violence primordiale par la beauté des corps souffrants, réparer par un amour quasi-religieux un massacre abominable