No Home Movie (Chantal Akerman, 2015)
Témoigner d’un silence, dans le lieu impersonnel, abstrait et vide du « non-chez-soi »
Témoigner d’un silence, dans le lieu impersonnel, abstrait et vide du « non-chez-soi »
Il faut, pour porter la tristesse d’une fin d’amour, en garder la trace, l’archive, par une célébration
Là où j’ai vécu, je ne suis plus chez moi, un cycle de vie s’épuise, du nouveau arrive de l’extérieur et s’impose à moi
En-deçà du désir d’amour usuel, rassurant, un autre amour pourrait faire irruption : archaïque, dangereux, effrayant, catastrophique, et pire encore : aussi vide que la mort
Du vacarme de la guerre, on ne peut rien dire : elle ne répond pas.
Au cinéma, la présence des morts est illimitée : on ne peut que les sacrifier, dissimuler leur présence sous d’autres films, toujours plus.
Il n’y a dans le monde que des marionnettes identiques à la voix identique, sauf dans un moment d’exception, unique, déstabilisant, irrépétable.
Ce n’est pas pour ses propres fautes qu’on paie, mais pour celles d’un autre.
L’ange vivant de la mort appelle le photographe, il lui donne accès à un monde sans deuil, ni devoir, ni dette.
Il s’est souvenu d’autres vies et d’autres mondes qu’il a portés; un autre vivant surviendra, peut-être, pour les porter à nouveau.
Pour accéder aux souvenirs, il faut pousser toujours plus loin le mouvement de la mimesis, multiplier les dédoublements.
Il aura fallu dire « Je suis mort » pour que commence la vie en plus, la vie supplémentée par l’œuvre, plus que la vie.
Mourir déjà mort (ou presque), sans laisser de trace, altère la possibilité du deuil.
Il vaut mieux, pour se dégager du deuil, choisir le pas de côté qui éloigne du réel.