L’amour à mort (Alain Resnais, 1984)
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
Un Christ déjà mort, sacrifié avant même sa naissance, anéantit l’avenir.
Ce n’est pas pour ses propres fautes qu’on paie, mais pour celles d’un autre.
Il faut, pour surmonter sa culpabilité, faire l’expérience de l’impossible.
Pour ouvrir un autre monde, à venir, il ne faut pas reproduire ce monde-ci.
Malgré les échecs, les refus, les démentis, persiste une confiance mystérieuse en l’autre.
Dans un monde sans salut possible, sans rédemption, sans promesse, sans avenir, il n’y a pas d’extériorité, on ne peut que revenir dans sa cage.
Tout commence par un appel, « Je suis morte » : pour que le visage qui précède introduise à celui qui, déjà passé, reste à venir.
Les seuls amis qui me restent sont ceux qui ne répondent pas.
Quand disparaît la prophétie, l’espoir d’un monde à venir, alors disparaissent avec elle l’accueil de l’autre, l’hospitalité, la fraternité.
Au-delà de tout calcul, une promesse d’amitié peut enjamber deux siècles.
Un film, dans le film, révèle une vérité dont il témoigne par le montage.
Faire payer à l’autre l’écart entre survie et sur-vie.
Au bout du compte, le dernier mot appartient au cinéma, car malgré tout, il porte encore la promesse.