Étiqueté : ArchiAmour
Breaking the Waves (Lars von Trier, 1996)
Un amour inconditionnel, sous emprise, par le simple pouvoir de la voix, fait des miracles
Blue Velvet (David Lynch, 1986)
Je rêve d’un autre amour caché, secret, mystérieux, dont mon oreille, séparée de mon corps, pourrait entendre le chant inquiétant, dangereux
Une femme douce (Robert Bresson, 1969)
Un amour irraisonné, surgi inopinément, c’est un danger, une perte de contrôle qui peut être mortelle
Model Shop (Jacques Demy, 1969)
L’amour inconditionnel, ce n’est pas le début d’une histoire à venir, c’est la fin d’une histoire où rien n’est arrivé
Lola (Jacques Demy, 1961)
Rien ne peut empêcher la réitération, à chaque génération, du même cycle d’amours dont la trace subsiste, inconditionnellement
Nuits blanches (Luchino Visconti, 1957), Quatre Nuits d’un Rêveur (Robert Bresson, 1971)
Il n’y a pas de justice en amour
Baal (Bertolt Brecht, 1919, Volker Schlöndorff, 1970)
Le rejet de toutes les valeurs par un personnage obscène, inqualifiable, fait advenir un amour irrésistible, injustifiable, intenable, qui ne trouve de réciprocité que dans la mort
Trois Couleurs : Blanc (Krzysztof Kieślowski, 1994)
À l’amour inconditionnel, rien n’est comparable ni équivalent
Demon (Marcin Wrona, 2015)
En exigeant une justice impossible à instaurer, le dibbouk interdit l’oubli
Le Dibbouk (Michał Waszyński, 1937)
Celui dont l’avenir aura été déterminé avant la naissance n’aura pas d’avenir, il ne vivra pas
Possession (Andrzej Żuławski, 1981)
En-deçà de l’amour surgit la violence primordiale, inexplicable, de l’archi-amour
Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream) (Shakespeare, 1595-96), film réalisé par Elijah Moshinsky en 1981
Pour restaurer le mariage légitime, contractuel, voulu par les pères, il faut en passer par le sortilège d’une autre amour disruptif, envoûtant, déstabilisateur
Identification d’une femme (Michelangelo Antonioni, 1982)
Seule la femme du dehors est digne d’alliance, mais jamais elle n’est disponible : elle éblouit, se dérobe et disparait
L’important c’est d’aimer (Andrzej Żuławski, 1975)
Il faut, pour s’autoriser un amour d’un autre type (inconditionnel), se détacher de tout engagement, se décharger de toute dette
2046 (Wong Kar-wai, 2004)
Quand le secret de l’amour est enfoui, définitivement inaccessible, il n’y a plus d’horizon, il ne reste que la confusion des plaisirs
In the Mood for Love (Wong Kar-wai, 2000)
Dans les bordures et les parerga démultipliés de l’amour, une jouissance singulière, incomparable, rencontre une tristesse sans appel
A bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1959)
Déjà mort, faisant le deuil de lui-même, il peut transgresser les interdits, effacer les dettes et les engagements, désirer sans condition un amour impossible
Senso (Luchino Visconti, 1954)
Inconditionnel, excessif, asocial, irrationnel, l’appel archi-amoureux brouille les valeurs, les noie dans une équivalence/indifférence générale
No Home Movie (Chantal Akerman, 2015)
Témoigner d’un silence, dans le lieu impersonnel, abstrait et vide du « non-chez-soi »
Faux Semblants (David Cronenberg, 1988)
Quand un corps étranger, digne d’amour, dangereux, fait irruption, il faut restaurer l’unité, neutraliser la scission par l’addiction, la mort
Septembre sans attendre (Jonas Trueba, 2024)
Il faut, pour porter la tristesse d’une fin d’amour, en garder la trace, l’archive, par une célébration
Toute une Nuit (Chantal Akerman, 1982)
Dans l’obscurité de la nuit, un autre amour peut surgir, imprévu, inespéré, inexprimé, d’une intensité inouïe, et disparaître aussitôt
Here (Bas Devos, 2023)
Une rencontre qui, dans un moment d’incertitude, préserve le mystère de l’autre, son secret, son énigme
Cafe Müller (Pina Bausch, 1978-2008)
« Il faut porter l’autre », un commandement amoureux, indispensable, irréalisable, indéfiniment répété, impossible et nécessaire
Amour fou (Jessica Hausner, 2014)
Un pacte de suicide où l’appel de la mort détermine l’amour, et non pas l’inverse
Catherine de Heilbronn (Eric Rohmer, 1980)
Une emprise sans cause, sans violence, sans initiative du dominant, est-ce possible ?
Le Prince de Hombourg (Marco Bellocchio, 1997)
Un amour archaïque, irréductible, envers une exigence irrécusable, incontestable, précède et conditionne l’amour courant, socialisable et partageable
Memory (Michel Franco, 2024)
Les souvenirs peuvent céder place à une autre mémoire, une archi-mémoire, une insaisissable pulsion amoureuse
La Marquise d’O. (Eric Rohmer, 1976)
Un amour inconditionnel que rien ne peut démentir, ni le viol, ni l’inceste, ni le scandale
La Bête (Bertrand Bonello, 2024)
En-deçà du désir d’amour usuel, rassurant, un autre amour pourrait faire irruption : archaïque, dangereux, effrayant, catastrophique, et pire encore : aussi vide que la mort
Only Lovers Left Alive (Jim Jarmusch, 2013)
Ce qui reste de paradis (perdu, oublié par les humains) ne survit que par la corruption et la mort, à travers le sang que prélèvent les héritiers (Adam & Eve)
Muriel, le temps d’un retour (Alain Resnais, 1963)
Nul n’est épargné par l’impardonnable; il engendre une dette infinie, irréparable, que rien ne peut atténuer
L’amour à mort (Alain Resnais, 1984)
« Je suis mort », dit-il en annulant tout engagement, tout devoir, toute dette, y compris la promesse amoureuse de celle qui voudrait le rejoindre en offrant, elle aussi, « ma mort »
Él (film de Luis Buñuel, 1953) (Tourments)
On ne peut poursuivre la quête aporétique, chercher à posséder ce qu’on sait ne pas pouvoir posséder, qu’avec l’appui crypté de la religion.
La La Land (Damien Chazelle, 2016)
Entre deux gardiens de l’inconditionnel, la rencontre est aussi fatale qu’impossible.
Anomalisa (Charlie Kaufman et Duke Johnson, 2015)
Il n’y a dans le monde que des marionnettes identiques à la voix identique, sauf dans un moment d’exception, unique, déstabilisant, irrépétable.
Birth (Jonathan Glazer, 2004)
L’archi-amour, genre d’amour dont il est impossible de faire son deuil, est plus réel, plus crédible encore que la réalité
Barbara (Mathieu Amalric, 2017)
Une hétérobiographie où, autour du secret préservé de l’autre, prolifèrent les autobiographies.
Corps et âme (Ildiko Enyedi, 2017)
Il faut choisir librement ce qui, déjà, en secret, habite nos rêves.
La Bête dans la Jungle (Patric Chiha, 2023)
Une singulière catastrophe amoureuse, incompréhensible, exceptionnelle et terrifiante, fait advenir une autre alliance, immaîtrisable et inconnue, entre la mort et la vie.
Asako I et II (Ryūsuke Hamaguchi, 2018)
Quand l’amour se décide, la trace se retire, elle s’efface – il faut plonger dans l’incertitude.
La Bête dans la Jungle (Benoît Jacquot, 1988)
À distance de la vie courante, quotidienne, nous attend un événement archaïque, dangereux, catastrophique et pire encore : vide, sans signification ni contenu, une Bête effrayante
L’Idiot (Pierre Léon, 2008)
La souveraine innocence de l’amour inconditionnel face à la femme bafouée, envoûtante, souveraine elle aussi, qui calcule son plaisir.
The Souvenir Part I et II (Joanna Hogg, 2019-2021)
Pour accéder aux souvenirs, il faut pousser toujours plus loin le mouvement de la mimesis, multiplier les dédoublements.
Sur la route de Madison (Clint Eastwood, 1995)
S’arrêter sur le pont qui mène au fantasme, au rêve, en passant par la photographie.
L’Arbre mort (Joseph Morder, 1987)
Pour faire un couple comme pour faire un film, il faut multiplier les deuils, porter les endeuillés.
Le Rayon vert (Eric Rohmer, 1986)
Pour qu’advienne le « oui », il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer.
Past Lives (Celine Song, 2023)
Il faut, pour vivre, faire son deuil de l’amour d’avant l’amour, l’archi-amour.
L’été dernier (Catherine Breillat, 2023)
L’amour (quasi-)incestueux est le seul qui, au coeur du continent noir, soit vraiment digne de ce nom.
Compartiment n°6 (Juho Kuosmanen, 2021)
Un désir unique, singulier, déclenché par la rencontre improbable, indécise, de deux solitudes.
L’empire des sens (Nagisha Oshima, 1976)
Pour un homme, faire jouir une femme est un plaisir sans limite; on peut tout donner pour cela, y compris son sexe, sa vie
Laura (Otto Preminger, 1944)
Il aura fallu qu’elle soit réduite à la fixité d’un portrait, prise pour morte, pour qu’elle rencontre enfin l’homme pur, intègre : le policier.
Les larmes amères de Petra von Kant (Rainer W. Fassbinder, 1972)
Incapable de demander pardon, de renoncer à la perversion, elle choisit le vide, la déchéance, l’anéantissement.
Avec amour et acharnement (Claire Denis, 2022)
Vivre sous la contrainte d’un devoir d’amour, un archi-amour indéterminé, insaisissable.
Suis-moi je te fuis, Fuis-moi je te suis (Kôji Fukada, 2022)
Archi-amour : ce sont tes dettes que j’acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d’un tiers.
L’homme au crâne rasé (André Delvaux, 1965)
Dans le secret de la crypte, l’amour inconditionnel conduit à l’auto-sacrifice, au retrait, au salut.
La femme de Tchaïkovsky (Kirill Serebrennikov, 2022)
Un film sur l’amour : pas l’amour fou, mais l’amour en tant que fantasme, folie.
Pandora (Albert Lewin, 1951)
Aporie de l’amour inconditionnel : en exigeant le sacrifice de tout autre intérêt, il se soumet à une condition irréalisable, mortifère.
Liliom (Frank Borzage, 1930)
Pour qui aime sans calcul ni condition, sans exiger aucune réponse, un coup peut être ressenti comme un baiser.