Ashkal, l’enquête de Tunis (Youssef Chebbi, 2022)
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
En disparaissant, elles suspendent le monde dans lequel le film s’inscrit – sans laisser aucun indice sur l’autre monde.
Un film, dans le film, révèle une vérité dont il témoigne par le montage.
Là où des cadavres se nourrissent de cadavres, ça ne fait plus monde, c’est sans monde.
Je dois, pour sur-vivre, me dépouiller de tout ce qui m’appartenait : identité, culture, personnalité, profession, croyances, etc.
Une allégorie de la traduction du monde en film ou du film en monde.
Entre calculabilité universelle et incalculabilité du travail, le balancier de l’horloge oscille
« Je suis mort » ne peut se dire que dans une langue toute autre, intraduisible.
Il faut, pour donner au film un poids de pensée, de réel, mettre en scène la non-réponse de l’autre.
Une série de mises en abyme se recouvrent, s’étendent, s’excèdent, s’imposent comme source d’inspiration et d’autorité.
Ce film qui se termine par « rien » déclare, au-delà de tous les simulacres, rôles ou jeux sociaux, la valeur incommensurable de ce « rien ».
Une expérience d’hospitalité, même forcée, ça peut conforter le chez soi, faire du bien.
Dans le secret de la crypte, l’amour inconditionnel conduit à l’auto-sacrifice, au retrait, au salut.
Comment s’emparer d’une femme, la posséder par son secret, la garder par sa guérison – et surtout dérober son monde.
Ce qui reste silencieux ne peut s’écrire que dans une langue étrangère, intraduisible.
Accueillir l’étranger, c’est ce qui peut déclencher la haine la plus insensée, le rejet le plus délirant.
Du seul moment qui compte, la naissance, on ne peut rien dire ni rien se remémorer.
Quand s’effondrent les limites, les parerga, rien ne peut arrêter la violence originelle, inouïe.
Comment écrire ce qui ne peut se dire ni en paroles, ni en images, mais seulement sur du vent, dans l’évanescence d’un film.
Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s’accorder.
Et le spectre déclara à Madame Muir : “Il faut que je te porte”.