Étiqueté : Pouvoir
Les Affranchis (Martin Scorsese, 1990) (Goodfellas)
La mafia fait peser sur ses membres une dette illimitée, qu’elle compense par la promesse d’une jouissance gratuite, sans limite
La reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)
Purifier la violence primordiale par la beauté des corps souffrants, réparer par un amour quasi-religieux un massacre abominable
The Dead Don’t Hurt (Viggo Mortensen, 2024)
On ne peut pas empêcher l’injustice, on ne peut qu’en déplacer les conséquences
Joker (Todd Phillips, 2019)
N’étant rien, le Joker peut tout représenter : le bien comme le mal, le rire comme les larmes, il est le « pharmakon » qui symbolise le chaos comme la justice, le crime et sa réparation
Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979)
Entre la violente affirmation d’une souveraineté démesurée et la renonciation passive à toute décision, il y a complicité, voire équivalence, dont on ne peut s’extraire que par l’exigence d’un recul, d’un retrait
Romance (Catherine Breillat, 1998)
Il faut se retirer de l’amour conventionnel, conjugal, le vider, pour que commence le sexuel, le réel de la vie, l’existence, l’éthique
Les Crimes du Futur (David Cronenberg, 2022)
Le « cancer créatif », essentiellement anarchique, dangereux, létal, que ni l’art ni les pouvoirs ne peuvent stabiliser, appelle une transformation inouïe, à venir
La trilogie de Visconti sur la souveraineté, dite trilogie allemande (1969-1972) : Les Damnés ou la Chute des Dieux, Mort à Venise, Ludwig ou le Crépuscule des Dieux
Inconditionnelle, la souveraineté est insoutenable mais digne; prise dans les calculs et les compromissions, elle s’auto-détruit dans l’indignité
Ludwig, ou Le Crépuscule des Dieux (Luchino Visconti, 1972)
Souverain, le roi doit pouvoir, dans le domaine qu’il a choisi, affirmer sans compromis ni condition la loi qui lui est propre
Les Damnés ou la chute des Dieux (Luchino Visconti, 1969)
Pour transgresser sans limite les lois et normes courantes, la violence nazie prend appui sur une autre violence, familiale, qui laisse libre cours à toutes les perversions
La Trilogie du X-Factor (X – Pearl – MaXXXine) (Ti West 2022-2024)
Une force inconnue, difficilement descriptible, confère à certains actes de certaines personnes une extériorité unique, une capacité à se distinguer du commun, à faire événement
« The Feeling that the Time for Doing Something has Passed » (Joanna Arnow, 2023) (La vie selon Anne)
Exhiber, par la mise en jeu d’un corps nu, les ressorts cachés d’une soumission qui épuise la personne, la vie sociale, anéantit l’avenir
Catherine de Heilbronn (Eric Rohmer, 1980)
Une emprise sans cause, sans violence, sans initiative du dominant, est-ce possible ?
Cobra Verde (Werner Herzog, 1987)
Un personnage hors-la-loi, un tournage hors norme, un film qui s’épuise avec son acteur dans la vacuité des stéréotypes
Aguirre, la colère de Dieu (Werner Herzog, 1972)
Le délire de souveraineté détaché du monde, ni crédible ni légitime, ne peut conduire qu’à l’autodestruction
Mon oncle d’Amérique (Alain Resnais, 1980)
Une vie entièrement gouvernée par les mécanismes neuro-cognitifs serait absolument déterminée, et par conséquent vouée à l’échec
The Sweet East (Sean Price Williams, 2023)
La position unique d’une jeune fille qui s’évade de tous les conflits, erre entre les pouvoirs sans jamais se laisser instrumentaliser par aucun d’entre eux.
Cosmopolis (David Cronenberg, 2012)
« No more money, no more sex, no more power, no more future » – Il n’en faut pas moins pour interrompre le cycle.
Inception (Christopher Nolan, 2010)
Il faut, pour surmonter sa culpabilité, faire l’expérience de l’impossible.
My Joy (Sergueï Loznitsa, 2010)
Mal radical : un pouvoir qui oblige à décliner son identité, jusqu’à la perte totale du nom.
The Lighthouse (Robert Eggers, 2019)
Une force excessive, inquiétante, souveraine, s’impose sans considération ni pour la vie, ni pour la mort, ni pour la crédibilité du récit.
Les Misérables (Ladj Ly, 2019)
Le souverain de banlieue, ce jeune (lionceau) incontrôlable, introduit l’imprévisible, l’incalculable, dans le lieu clos de la cité.
Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Sexe et pouvoir, à l’état nu, exhibent sans fard leur complicité.
Papicha (Mounia Meddour, 2019)
Pour résister aux pulsions de mort, de cruauté, il faut la pure gratuité de l’ornement féminin.
Passions (Kira Mouratova, 1994)
Il faut des femmes imprévisibles, illogiques, irrécupérables, pour créer entre les mondes d’autres liens.
Pauvres Créatures (Yórgos Lánthimos, 2023)
Pour s’emparer des possessions des hommes, dans son absolue souveraineté, la femme laisse libre cours à ses pulsions, y compris épistémiques
Manhunter (Michael Mann, 1986) (Le sixième sens)
Dans l’acte du criminel comme dans l’expérience du cinéma, il faut dominer l’image, la cadavériser, pour jouir du regard.
Le diable n’existe pas (Mohammad Rasoulof, 2020)
Refuser la peine de mort exige un engagement inconditionnel démesuré, illimité, incompatible avec quelque transaction que ce soit.
Tromperie (Arnaud Desplechin, 2021)
Une séduction verbale, oblique, indirecte, instaure une liaison foisonnante mais trompeuse, décevante, déprimante.
Le capitaine Volkonogov s’est échappé (Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov, 2021)
Pour se sauver, il faut affronter l’impardonnable.
La Chambre verte (François Truffaut, 1978)
Perpétuer le deuil comme tel, en jouir, c’est le nier : en s’appropriant les morts, on exerce sur eux pouvoir et souveraineté.
Ashkal, l’enquête de Tunis (Youssef Chebbi, 2022)
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Les Diables (Ken Russel, 1971)
Il s’agit, sous l’apparence de la transgression, de sauver la distinction tranchée qui oppose le bien au mal.
M*A*S*H (Robert Altman, 1970)
Au cœur de la plus phallogo-polémo-centrique des comédies, un homme impuissant ressuscite, en paix avec lui-même, après la Cène
Wanda (Barbara Loden, 1970)
Déliée de toute dette, elle reste paralysée au bord de l’inconditionnel.
Pacifiction – Tourment sur les îles (Albert Serra, 2022)
Un pouvoir/impouvoir transactionnel, dérisoire, exposé à la dangerosité imprévisible de pouvoirs souverains.
Les Amandiers (Valeria Bruni-Tedeschi, 2022)
Une série de mises en abyme se recouvrent, s’étendent, s’excèdent, s’imposent comme source d’inspiration et d’autorité.
Yannick (Quentin Dupieux, 2023)
Un film singulier qui affirme que rien dans l’œuvre d’art n’est singulier, exceptionnel.
Esterno Notte (Marco Bellocchio, 2022)
À l’acmé de la violence, du calcul politique qui voue Aldo Moro au sacrifice, se pose la question de l’au-delà du pouvoir, du politique.