Catégorie : Oeuvre
Le Rayon vert (Eric Rohmer, 1986)
Pour qu’advienne le « oui », il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer.
Le diable n’existe pas (Mohammad Rasoulof, 2020)
Refuser la peine de mort exige un engagement inconditionnel démesuré, illimité, incompatible avec quelque transaction que ce soit.
Mémoires d’un Juif tropical (Joseph Morder, 1984)
Il aura fallu dire « Je suis mort » pour que commence la vie en plus, la vie supplémentée par l’œuvre, plus que la vie.
Tromperie (Arnaud Desplechin, 2021)
Une séduction verbale, oblique, indirecte, instaure une liaison foisonnante mais trompeuse, décevante, déprimante.
Que le spectacle commence! (Bob Fosse, 1980)
On ne peut pas se préparer à la mort, tout ce qu’on peut faire, c’est en exiger toujours plus, plus encore que la vie.
Stardust Memories (Woody Allen, 1980)
Est star celui qui peut mourir sans mourir, faire du cinéma sans faire du cinéma, signer un film en le déconstruisant.
Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)
Se débarrasser de l’obscène, le cacher, éviter de le rendre public, telle est la morale dont il faut prendre le contre-pied.
Rencontres du troisième type (Steven Spielberg, 1977)
D’où reviennent les morts, au-delà de l’être, c’est là qu’il faut aller.
Julie (en 12 chapitres) (Joaquim Trier, 2021)
Il faut garder l’avenir ouvert, sans préjuger de ses conséquences ni s’enfermer dans une définition préalable du bien et du mal.
Coma (Bertrand Bonello, 2022)
En espérant que d’une pure intériorité, dans les limbes réticulaires de l’apocalypse, quelque chose pourra surgir.
Ashkal, l’enquête de Tunis (Youssef Chebbi, 2022)
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Trenque Lauquen (Laura Citarella, 2022)
En disparaissant, elles suspendent le monde dans lequel le film s’inscrit – sans laisser aucun indice sur l’autre monde.
Tout le monde aime Jeanne (Céline Devaux, 2022)
Il vaut mieux, pour se dégager du deuil, choisir le pas de côté qui éloigne du réel.
Belle (André Delvaux, 1973)
Je dois, pour sur-vivre, me dépouiller de tout ce qui m’appartenait : identité, culture, personnalité, profession, croyances, etc.
Il Buco (Michelangelo Frammartino, 2022)
On peut pallier, par l’œuvre, la perte d’un regard unique, irremplaçable.
Un Avenir Radieux (Nanni Moretti, 2023)
Perdre un monde suppose de renoncer aussi à une part de soi , un quasi-suicide qui conditionne la possibilité de continuer à vivre.
Les larmes amères de Petra von Kant (Rainer W. Fassbinder, 1972)
Incapable de demander pardon, de renoncer à la perversion, elle choisit le vide, la déchéance, l’anéantissement.
Wanda (Barbara Loden, 1970)
Déliée de toute dette, elle reste paralysée au bord de l’inconditionnel.
L’arrangement (Elia Kazan, 1969)
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
La Fiancée du pirate (Nelly Kaplan, 1969)
Porter à l’excès la logique de l’échange pour faire un pas au-delà, le dernier pas, indifférent à l’échange.
Saint-Omer (Alice Diop, 2022)
À une exigence de fidélité venue d’ailleurs, des ascendants ou d’Afrique, on ne peut répondre que par un sacrifice, ou à défaut en pleurant.
Suis-moi je te fuis, Fuis-moi je te suis (Kôji Fukada, 2022)
Archi-amour : ce sont tes dettes que j’acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d’un tiers.
The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh, 2022)
Faire payer à l’autre l’écart entre survie et sur-vie.
Pierrot le Fou (Jean-Luc Godard, 1965)
Un collage de phrases mortes qui ne promet rien, n’engage à rien, mais appelle l’adhésion.
L’homme au crâne rasé (André Delvaux, 1965)
Dans le secret de la crypte, l’amour inconditionnel conduit à l’auto-sacrifice, au retrait, au salut.
Huit et demi (Federico Fellini, 1963)
La paralyse – ce temps de fermentation ou de bouillonnement qui est aussi la khôra du réalisateur.
Tár (Todd Field, 2022)
Un pouvoir uniquement fondé sur l’affirmation charismatique de soi-même se met dans la dépendance absolue d’autrui.
Leonor will never die (Martika Ramirez Escobar, 2022)
Une grand-mère pour toujours sur le point de mourir, sans jamais franchir le pas.
Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962)
Il aura fallu, pour commencer à vivre, un avertissement supplémentaire : tu te dois à la mort.
Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
Comment écrire ce qui ne peut se dire ni en paroles, ni en images, mais seulement sur du vent, dans l’évanescence d’un film.
Portraits Fantômes (Kleber Mendonça-Filho, 2023)
Quand l’ancrage territorial et temporel du cinéma risque de s’effacer, il faut attacher sa ceinture et continuer.
La femme de Tchaïkovsky (Kirill Serebrennikov, 2022)
Un film sur l’amour : pas l’amour fou, mais l’amour en tant que fantasme, folie.
Un été avec Monika (film d’Ingmar Bergman, 1953)
Un regard dans le film en appelle au-delà du film à un autre regard qui témoigne d’une alliance oto-biographique.
Yannick (Quentin Dupieux, 2023)
Un film singulier qui affirme que rien dans l’œuvre d’art n’est singulier, exceptionnel.
Traité de bave et d’éternité (Isidore Isou, 1951)
Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s’accorder.
Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974)
Il n’y a pas qu’une puissance souveraine de l’artiste, mais deux, qui ne peuvent que naître et mourir en même temps
Le Bleu du caftan (Maryam Touzani, 2022)
Nettoyer, dans un pur linceul, la crainte et la culpabilité.
Les chaussons rouges (Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948)
Il n’est d’art pur que régi par une puissance souveraine ayant tous les droits, y compris de détruire les conditions de sa survie.
Showing Up (Kelly Reichardt, 2022)
Un cinéma brut pour un art horizontal, au plus proche de la terre et des tracas quotidiens.
First Reformed (Paul Schrader, 2017)
Quand le monde se délite, il faut préserver l’ultime courage : porter l’enfant à naître.
Goutte d’or (Clément Cogitore, 2023)
En portant l’enfant mort, le voyant fait le deuil de ce que lui-même a été.
Little Girl Blue (Mona Achache, 2023)
Une auto-hétéro-bio-thanato-graphie féminine où chaque femme semble jouer le rôle d’une autre, jusqu’à l’épuisement.
Music (Angela Schanelec, 2023)
Au-delà de la tragédie, du destin (œdipien), il est possible de transmuer la dette.
À l’intérieur (Vasilis Katsoupis, 2023)
Enfermé dans un lieu clos, hors-monde, inhabitable, il le transforme en déchetterie où il s’auto-détruit.