L’arrangement (Elia Kazan, 1969)
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
Porter à l’excès la logique de l’échange pour faire un pas au-delà, le dernier pas, indifférent à l’échange.
À une exigence de fidélité venue d’ailleurs, des ascendants ou d’Afrique, on ne peut répondre que par un sacrifice, ou à défaut en pleurant.
Archi-amour : ce sont tes dettes que j’acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d’un tiers.
Faire payer à l’autre l’écart entre survie et sur-vie.
Un collage de phrases mortes qui ne promet rien, n’engage à rien, mais appelle l’adhésion.
Dans le secret de la crypte, l’amour inconditionnel conduit à l’auto-sacrifice, au retrait, au salut.
La paralyse – ce temps de fermentation ou de bouillonnement qui est aussi la khôra du réalisateur.
Un pouvoir uniquement fondé sur l’affirmation charismatique de soi-même se met dans la dépendance absolue d’autrui.
Une grand-mère pour toujours sur le point de mourir, sans jamais franchir le pas.
Il aura fallu, pour commencer à vivre, un avertissement supplémentaire : tu te dois à la mort.
Comment écrire ce qui ne peut se dire ni en paroles, ni en images, mais seulement sur du vent, dans l’évanescence d’un film.
Quand l’ancrage territorial et temporel du cinéma risque de s’effacer, il faut attacher sa ceinture et continuer.
Un film sur l’amour : pas l’amour fou, mais l’amour en tant que fantasme, folie.
Un regard dans le film en appelle au-delà du film à un autre regard qui témoigne d’une alliance oto-biographique.
Un film singulier qui affirme que rien dans l’œuvre d’art n’est singulier, exceptionnel.
Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s’accorder.
Il n’y a pas qu’une puissance souveraine de l’artiste, mais deux, qui ne peuvent que naître et mourir en même temps
Nettoyer, dans un pur linceul, la crainte et la culpabilité.
Il n’est d’art pur que régi par une puissance souveraine ayant tous les droits, y compris de détruire les conditions de sa survie.
Un cinéma brut pour un art horizontal, au plus proche de la terre et des tracas quotidiens.
Quand le monde se délite, il faut préserver l’ultime courage : porter l’enfant à naître.
En portant l’enfant mort, le voyant fait le deuil de ce que lui-même a été.
Une auto-hétéro-bio-thanato-graphie féminine où chaque femme semble jouer le rôle d’une autre, jusqu’à l’épuisement.
Au-delà de la tragédie, du destin (œdipien), il est possible de transmuer la dette.
Enfermé dans un lieu clos, hors-monde, inhabitable, il le transforme en déchetterie où il s’auto-détruit.