Catégorie : Incalculable
Papicha (Mounia Meddour, 2019)
Pour résister aux pulsions de mort, de cruauté, il faut la pure gratuité de l’ornement féminin.
Passions (Kira Mouratova, 1994)
Il faut des femmes imprévisibles, illogiques, irrécupérables, pour créer entre les mondes d’autres liens.
Lux Æterna (Gaspar Noé, 2019)
Où l’on laisse à voir et entendre que tout film est fondé sur le sacrifice de la femme par des morts-vivant.
First Cow (Kelly Reichardt, 2019)
Au-delà de tout calcul, une promesse d’amitié peut enjamber deux siècles.
Uncut gems (Benny and Josh Safdie, 2019)
L’argent-voyou, qui semble exonéré et exonérer de toute dette, appelle la chance et porte la malédiction.
Le syndrome asthénique (Kira Mouratova, 1990)
S’ensommeiller, se retirer du monde, renoncer à l’archive, affirmer son unicité pour finalement, enfin, mourir vivant.
S’en fout la mort (Claire Denis, 1990)
Il faut, pour excéder la cruauté, recueillir sa force, la transformer sans rien qui puisse la compenser : ni argent, ni amour, ni gain, ni perte.
Le Genou d’Ahed (Nadal Lapid, 2021)
Quand le consentement meurtrier, banalisé, ne dérange plus personne, la responsabilité devient un danger mortel.
Le Rayon vert (Eric Rohmer, 1986)
Pour qu’advienne le « oui », il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer.
Le diable n’existe pas (Mohammad Rasoulof, 2020)
Refuser la peine de mort exige un engagement inconditionnel démesuré, illimité, incompatible avec quelque transaction que ce soit.
Le marchand de Venise, de Shakespeare (Jack Gold, 1980)
En se soustrayant à la logique de l’échange, le Juif perd tout, il est absolument exproprié, y compris de sa propre identité.
Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)
Se débarrasser de l’obscène, le cacher, éviter de le rendre public, telle est la morale dont il faut prendre le contre-pied.
La Chambre verte (François Truffaut, 1978)
Perpétuer le deuil comme tel, en jouir, c’est le nier : en s’appropriant les morts, on exerce sur eux pouvoir et souveraineté.
L’empire des sens (Nagisha Oshima, 1976)
Pour un homme, faire jouir une femme est un plaisir sans limite; on peut tout donner pour cela, y compris son sexe, sa vie
L’horloger de Saint Paul (Bertrand Tavernier, 1974)
Quand la mise en acte d’une justice inconditionnelle, non négociable, appelle une solidarité sans réserve.
Ashkal, l’enquête de Tunis (Youssef Chebbi, 2022)
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Trenque Lauquen (Laura Citarella, 2022)
En disparaissant, elles suspendent le monde dans lequel le film s’inscrit – sans laisser aucun indice sur l’autre monde.
Tout le monde aime Jeanne (Céline Devaux, 2022)
Il vaut mieux, pour se dégager du deuil, choisir le pas de côté qui éloigne du réel.
« Tout va bien » (Jean-Luc Godard, 1972)
Il n’y a pas de cinéma sans argent, mais il ne peut y avoir de cinéma que s’il l’excède.
Désordres (Cyril Schäublin, 2022)
Entre calculabilité universelle et incalculabilité du travail, le balancier de l’horloge oscille
Wanda (Barbara Loden, 1970)
Déliée de toute dette, elle reste paralysée au bord de l’inconditionnel.
L’arrangement (Elia Kazan, 1969)
Je renonce à suivre les commandements de la société, du père, pour devenir ce que je respecte vraiment : un nom unique, irremplaçable, et rien d’autre.
La Fiancée du pirate (Nelly Kaplan, 1969)
Porter à l’excès la logique de l’échange pour faire un pas au-delà, le dernier pas, indifférent à l’échange.
Les Amandiers (Valeria Bruni-Tedeschi, 2022)
Une série de mises en abyme se recouvrent, s’étendent, s’excèdent, s’imposent comme source d’inspiration et d’autorité.
Suis-moi je te fuis, Fuis-moi je te suis (Kôji Fukada, 2022)
Archi-amour : ce sont tes dettes que j’acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d’un tiers.
The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh, 2022)
Faire payer à l’autre l’écart entre survie et sur-vie.
L’homme au crâne rasé (André Delvaux, 1965)
Dans le secret de la crypte, l’amour inconditionnel conduit à l’auto-sacrifice, au retrait, au salut.
Huit et demi (Federico Fellini, 1963)
La paralyse – ce temps de fermentation ou de bouillonnement qui est aussi la khôra du réalisateur.
Le Silence (Ingmar Bergman, 1963)
Ce qui reste silencieux ne peut s’écrire que dans une langue étrangère, intraduisible.
Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962)
Il aura fallu, pour commencer à vivre, un avertissement supplémentaire : tu te dois à la mort.
Pickpocket (Robert Bresson, 1959)
Jouir d’un vol, dans un désintéressement absolu, pour affirmer simultanément, sans les dissocier, son innocence et sa culpabilité.
Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
Comment écrire ce qui ne peut se dire ni en paroles, ni en images, mais seulement sur du vent, dans l’évanescence d’un film.
Murmure dans la ville (Joseph Mankiewicz, 1951)
Une pure amitié qui ne repose sur aucune justification, sur aucun intérêt commun.
Pandora (Albert Lewin, 1951)
Aporie de l’amour inconditionnel : en exigeant le sacrifice de tout autre intérêt, il se soumet à une condition irréalisable, mortifère.
Traité de bave et d’éternité (Isidore Isou, 1951)
Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s’accorder.
Le Bleu du caftan (Maryam Touzani, 2022)
Nettoyer, dans un pur linceul, la crainte et la culpabilité.
Les chaussons rouges (Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948)
Il n’est d’art pur que régi par une puissance souveraine ayant tous les droits, y compris de détruire les conditions de sa survie.
Liliom (Frank Borzage, 1930)
Pour qui aime sans calcul ni condition, sans exiger aucune réponse, un coup peut être ressenti comme un baiser.
Déserts (Faouzi Bensaïdi, 2023)
Quand, dans l’échange d’argent, rien n’est « normal », rien n’est impossible, pas même l’événement qui change les règles.
Le cameraman (Buster Keaton, 1928)
Le cameraman le plus crédible, le plus digne d’amour, c’est celui qui filme pour rien, sans projet ni intention (le singe).
Lohengrin, opéra de Richard Wagner (1850) mis en scène par Kirill Serebrennikov en 2023
Exiger l’amour inconditionnel du sans-nom, c’est impossible.
L’An 01 (Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch, 1972)
L’utopiste, qui veut tout prévoir, n’attend plus rien de l’avenir.