Le Rayon vert (Eric Rohmer, 1986)
Pour qu’advienne le « oui », il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer.
Pour qu’advienne le « oui », il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer.
Refuser la peine de mort exige un engagement inconditionnel démesuré, illimité, incompatible avec quelque transaction que ce soit.
Principe d’hospitalité : « Je voudrais apprendre à vivre, enfin ».
En se soustrayant à la logique de l’échange, le Juif perd tout, il est absolument exproprié, y compris de sa propre identité.
Est star celui qui peut mourir sans mourir, faire du cinéma sans faire du cinéma, signer un film en le déconstruisant.
Dire oui à l’amitié jusqu’à bâtir l’oiseau de bois, au confluent de la combe magique.
Mourir déjà mort (ou presque), sans laisser de trace, altère la possibilité du deuil.
Un désir unique, singulier, déclenché par la rencontre improbable, indécise, de deux solitudes.
Pour un crime sans borne ni mesure, il n’y a pas d’expiation ni de compensation possible.
D’où reviennent les morts, au-delà de l’être, c’est là qu’il faut aller.
Il faut garder l’avenir ouvert, sans préjuger de ses conséquences ni s’enfermer dans une définition préalable du bien et du mal.
Le défaut absolu d’hospitalité conduit à la folie, au suicide.
Quand la mise en acte d’une justice inconditionnelle, non négociable, appelle une solidarité sans réserve.
Je dois m’immoler par le feu, j’y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition.
Où une fiction circulaire scelle l’alliance autobiographique du cinéma avec un « je ».
L’innocent qui apparaît dans les fantasmes peut porter tout le poids de la faute, se muer en coupable universel.
Notre monde s’effondre, il n’y a personne pour nous porter et nous ne savons pas nous porter nous-mêmes.
Mourir une deuxième fois, vivante, pour une autre alliance, plus porteuse d’avenir.
Je dois, pour sur-vivre, me dépouiller de tout ce qui m’appartenait : identité, culture, personnalité, profession, croyances, etc.
Déliée de toute dette, elle reste paralysée au bord de l’inconditionnel.
À une exigence de fidélité venue d’ailleurs, des ascendants ou d’Afrique, on ne peut répondre que par un sacrifice, ou à défaut en pleurant.
Une expérience d’hospitalité, même forcée, ça peut conforter le chez soi, faire du bien.
Archi-amour : ce sont tes dettes que j’acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d’un tiers.
Faire payer à l’autre l’écart entre survie et sur-vie.
Il aura fallu, pour commencer à vivre, un avertissement supplémentaire : tu te dois à la mort.
Accueillir l’étranger, c’est ce qui peut déclencher la haine la plus insensée, le rejet le plus délirant.
Pas d’union d’un couple, d’amour, de famille, sans se confronter aux traditions et à la mort.
Un regard dans le film en appelle au-delà du film à un autre regard qui témoigne d’une alliance oto-biographique.
En jouant son propre effacement, le réalisateur revendique et assume sa responsabilité.
Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s’accorder.
Le regard d’une petite fille sur une hospitalité qui oblige, dans un monde où le nouveau-né doit être abandonné.
On ne peut défendre un « chez soi » contre la puissance phallique qu’en participant de cette puissance.
Pour faire la charité, il faudrait déjà être chez soi, et pour offrir l’hospitalité, il faudrait déjà accepter la loi de l’autre.
Tu ne peux accueillir les autres que si tu es déjà le maître chez toi.